Edmund Husserl. À la rencontre du monde
Mort à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Edmund Husserl, père fondateur de la phénoménologie, est à l'origine d'une des plus grandes révolutions philosophiques du XXe siècle.
« Retourner aux choses elles-mêmes. » Tel est le mot d’ordre qui a inauguré, à l’aube du XXe siècle, cette immense aventure philosophique : la phénoménologie. Pour son fondateur, Edmund Husserl, ce fut d’abord le programme d’une vie : parti des mathématiques, passé par la psychologie et la logique, il traquera sans relâche les « phénomènes » par lesquels le monde se donne à notre conscience. Conçue comme la mission de son existence, cette conquête de la clarté se fera pourtant au prix d’une terrible lutte intérieure : c’est un esprit torturé, en proie à de profondes crises de doute, qui s’exprime dans cette œuvre aride et démesurément ambitieuse. Témoin de l’avènement du régime nazi, il gardera néanmoins une foi intacte en la raison : la noblesse de cette vie authentiquement philosophique, autant que la méthode radicalement nouvelle qu’il a élaborée, ont fait de lui la figure tutélaire de plusieurs générations de penseurs.
C’est à Prossnitz, petite ville de l’Empire austro-hongrois (aujourd’hui Prostějov en République tchèque), que Husserl naît en 1859. Ses parents, juifs peu pratiquants, y tiennent un commerce de vêtements et de tissus. À l’école, il est médiocre, inattentif – sauf en mathématiques. Hors de la classe se trahit pourtant une précoce aspiration à la perfection. Ayant reçu un couteau en cadeau, il passe des heures à en affûter la lame, insuffisamment aiguisée à son goût… tant et si bien qu’elle s’amenuise jusqu’à disparaître. Un souvenir que le philosophe, dit-on, se remémorera toujours avec une grande tristesse. Diplômé en 1876 après un bachotage de dernière minute, il décide à la surprise générale de poursuivre ses études à l’université de Leipzig. Si les cours de mathématiques, de physique et d’astronomie l’enthousiasment, la philosophie ne lui fait guère d’effet. À Vienne, c’est à l’analyse arithmétique qu’il consacre sa thèse.
« Choisir la philosophie comme métier d'une vie »
En 1884, le destin intellectuel du jeune mathématicien bascule. De retour à Vienne, après son service militaire, c’est sur les conseils d’un ami qu’il commence à suivre les cours du psychologue et philosophe Franz Brentano. Cette fois, c’est une révélation : voici enfin quelqu’un qui refuse les élucubrations, au profit d’une psychologie descriptive des actes mentaux. Auprès de son nouveau mentor, Husserl a « la conviction que la philosophie aussi [est] une discipline sérieuse », à jeu égal avec la science : le voilà déterminé à « choisir la philosophie comme métier d’une vie ». Très vite, il devient un ami de la famille Brentano – « le vrai professeur est comme un père », affirme-t-il alors. Au cours de vacances en commun, l’épouse de Brentano peint même le portrait de ce jeune homme « blond, aux yeux bleus, rêveur et timide », « semblable à une figure de la Renaissance italienne ».
L’ouvrage > “Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps” (1928)
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