David Bowie. La mort des sixties
Il a 12 ans quand il découvre David Bowie à la télévision : « Lorsque cette créature aux cheveux orange, vêtue d’une combinaison de félin, passa son bras avec une nonchalance voluptueuse autour des épaules de Mick Ronson [son guitariste], je fus carrément sidéré » par « son aura sexuelle, son aplomb et son étrangeté », se souvient-il au début de “Bowie. Philosophie intime” qui vient de paraître à La Découverte. Trouble dans le genre, changements d’identité, contre-utopie monstrueuse, refus du réel annoncent toutes les métamorphoses de notre temps.
Même s’il est un lecteur enthousiaste, David Bowie n’est pas un philosophe. Il est pourtant bien plus qu’une pop star. C’est un artiste conceptuel. Que dit-il de notre époque ? Que Mai-68 a fait naître un fantastique espoir d’émancipation. Mais que, dès le début des années 1970, la désillusion l’a remplacé. Bowie a incarné ce changement de regard. Chez lui, l’utopie vire au cauchemar. La dystopie que Bowie met en place durant toute la décennie 1970 postule que le monde est dévasté par le consumérisme et la corruption politique. Avec son premier tube, “Space Oddity”, en 1969, il raconte une tentative pour quitter un monde en ruines. Major Tom, son protagoniste, part dans l’espace vers une autre vie. Mais la fuite échoue. Le héros, au lieu de rencontrer la liberté, l’expérience de l’émerveillement devant l’univers, doit affronter la solitude. Major Tom finit par se suicider en se perdant dans l’espace. L’album le plus dystopique reste Diamond Dogs (1974), adaptation musicale du 1984 de George Orwell, qui met en scène un monde totalitaire et sadique. Mais toutes les visions qu’offre le chanteur jusqu’à l’album Scary Monsters (1980) sont effrayantes. Cette dimension désespérée a attiré tous les pessimistes, dont moi ! Aujourd’hui, cette vision sombre est toujours d’actualité. Les récents attentats, à Paris et ailleurs, suffisent à montrer que nous ne vivons vraiment plus dans le monde enchanté des sixties. Quant aux jeunes révolutionnaires français, les auteurs de L’Insurrection qui vient ou de À nos amis [parus à La Fabrique en 2007 et 2014], ils sont, comme Bowie, absolument négatifs. Face à ce monde vicié, il n’y a, d’après eux, rien d’autre à faire que se mettre en retrait.
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