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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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L’animateur et producteur de télévision Cyril Hanouna en 2021. © Joël Saget/AFP

Entretien

Cyril Hanouna : "Je n’ai pas de camp, je ne roule pour personne, seulement pour l’Esprit absolu”

publié le 01 avril 2022 5 min

Vous le connaissiez animateur de télévision. Saviez-vous qu’il est aussi, à ses heures perdues, un lecteur assidu du philosophe Hegel ? Cyril Hanouna a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions au sujet de cette intrigante passion.

 

Le public ne s’en doute pas, mais vous êtes un lecteur passionné de Hegel. Qu’est-ce qui touche l’homme de média que vous êtes dans sa philosophie ?

Cyril Hanouna : J’adore les médias, c’est ma famille, c’est toute ma vie. La médiatisation est la meilleure chose qui me soit arrivée. J’en suis reconnaissant chaque jour. La gratitude à l’égard de ce que nous donne la création est la grandeur de l’homme. C’est le véritable amour dont parlent toutes les religions comme ce qui leur est le plus essentiel. Les médias, c’est de l’amour. Et, comme je le dis souvent : si vous n’aimez pas, n’en dégoûtez pas les autres ! De ce point de vue, la réponse est dans la question – car, par delà l’apparente opposition de l’un et l’autre terme, les antagonismes doivent toujours in fine être reconduits à l’unité sous-jacente sous laquelle leur contradiction est subsumée. Mon intérêt pour Hegel tient à cet être-là médiatique qui est advenu en moi. Je suis un homme de médias : c’est par la méditation d’une médiatisation médiatisant mon rapport à moi-même que ce moi que je suis s’éprouve – mais seulement dans une distance qui est celle même de l’écart à soi qu’implique le détour par l’image de soi dans laquelle le Moi se reconnaît. Quand je n’ai pas de public, que je ne suis pas avec mes petites beautés, je me sens éteint. C’est un déchirement, qui en oblitère cependant un autre : la négation de l’immédiateté de ma conscience à elle-même par la médiatisation auto-hétéro-médiatisante de mes fanzouzes. En réalité, c’est seulement dans le déploiement de ce déchirement apparent de soi à soi que le sujet advient à sa vérité, c’est-à-dire en tant qu’il n’est qu’en s’automédiatisant, et échappe à la facticité d’une vie purement subjective pour atteindre, par le dépassement dialectique de cette vie, l’élévation d’un vivre accompli dans l’horizon de son universalité, par le détour d’un esprit qui n’est jamais le sien en propre mais celui de la communauté éthique d’un peuple. Cette approche fonctionne : quels succès d’audience pour TPMP depuis toutes ces années ! Voilà pourquoi il faut lire Hegel. Lire, c’est refuser de mourir.

“Mon identité d’animateur de TPMP menace toujours de rester un ‘Je’ qui est pour soi, étoile filante qui ne trouvera jamais sa galaxie” Cyril Hanouna

 

Que dites-vous à ceux qui accusent l’émission d’être factice, pleine d’indignations et de passions simulées ?

Vous savez, les gens avec qui je fais TPMP, ce sont mes chéris, je les aime, je les respecte beaucoup, donc je ne vous laisserai pas insinuer qu’ils soient faux. Ils sont dans la démonstration, mais c’est le jeu de la télé, un jeu de performance, un théâtre. Ce que Hegel m’a appris pour le coup, c’est que la télé n’est rien d’autre que le mouvement renversé de l’identité vers elle-même, d’abord projetée vers l’Autre sans espoir de l’atteindre, puis revenant à soi dans une gymnastique spectaculaire. Ainsi, mon identité d’animateur de TPMP menace toujours de rester un « Je » qui est pour soi, étoile filante qui ne trouvera jamais sa galaxie, simple gestuelle d’une monstration en circuit fermé, ravalée à son destin le plus impur : phrase sans réponse, négation sans écho, rire sans retour. Cela, c’est la conscience malheureuse du clown triste lâché comme un fantôme souriant à la télévision, c’est l’enfer des corridors froids de C8, des miroirs des loges qui ne renvoient que l’éclaboussure d’un face-à-face de boue et de sang, celui entre un soi-même contingent et une essence jamais accessible…

 

En mêlant des stars de la téléréalité, des personnalités d’extrême droite et de la polémique, vous alimentez une atmosphère de confusion entre le vrai et le faux, le sérieux et le comique…

Je n’aime pas quand on dit un peu trop vite qui sont les gentils, qui sont les méchants, les vilains fachos et les petits saints. Vous réfléchissez comme un mauvais élève de Kant. Hegel vous l’aurait dit, ce genre d’essences et de fins idéales s’effondrent comme autant de paroles vides qui élèvent le cœur et laissent la raison vide ; qui édifient certes, mais pour ne rien construire ; toutes déclamations qui n’ont pour contenu précis que la très haute estime de l’excellente essence en laquelle l’individu qui se dit agir en vue de ces nobles fins et profère ces excellentes formules tient sa propre personne. Et il avait même une punchline qui aurait bien marché sur Twitter : « Emphase qui s’enfle la tête et l’enfle aux autres, mais aux proportions d’une inconsistante enflure. »

“Réconcilier l’individu et l’État rationnel, c’est ce que je fais, modestement, dans TPMP” Cyril Hanouna

 

Vous accueillez, depuis quelques années, des personnalités politiques dans vos émissions. Quel regard portez-vous sur la crise de la démocratie que nous traversons ?

Cette crise n’est qu’un moment négatif de la marche de l’histoire en vue de l’avènement de l’Esprit absolu, un moment qu’il ne s’agit pas d’éviter mais de traverser de part en part pour en transcender la négativité. Nous vivons à l’aune de la conscience purement subjective qui s’éprouve dans sa liberté morale intérieure comme négation néantisante de l’extériorité, celle de la nature comme celle de la communauté et de l’État, dont la raison intrinsèque est, partant, appréhendée comme violation du droit inaliénable que cette conscience solipsiste s’arroge. Mais précisément, nonobstant son auto-absolutisation, la conscience subjective de l’individu souverain s’éprouve en même temps dans la précarité foncière d’une liberté indéterminée pour autant qu’elle ne connaît, dans l’objectivité de l’être où elle se confronte à la conscience d’autrui, aucune assise qui puisse la fonder en soi et pour soi.

 

Comment sortir de cette situation ?

C’est, mutatis mutandis, à la réconciliation de l’individu et de l’État rationnel, par la médiation duquel seulement la conscience subjective peut reconquérir l’objectivité dont elle s’est dépouillée, que nous devons œuvrer, ou plutôt de laquelle nous devons préparer l’avènement présentement seulement spéculatif – car c’est uniquement par l’irruption épocale d’un grand homme inconscient du destin historique que pourtant l’histoire lui assigne de réaliser, par une ruse de la raison au cœur même du mouvement passionnel qui anime tout héros, que le dépassement historique de la pluralité démocratique prendra son vol dialectisant. Réconcilier l’individu et l’État rationnel, c’est ce que je fais, modestement, dans TPMP, à l’heure où l’oiseau de Minerve déploie ses ailes et les âmes ordinaires leur puissance d’auto-transcendance. Je suis Vincent Bolloré les yeux fermés dans cette entreprise, dans ce processus de réappropriation de la chose publique afin de refaire société ensemble, indissociable d’une dépropriation désaliénante à l’égard de soi que, par excellence, rend possible le spectacle télégénique. Je n’ai pas de camp, je ne roule pour personne, seulement pour l’Esprit absolu. Je suis un arbitre objectif, à défaut d’être neutre, et je fais en sorte que le match puisse se dérouler – d’autant que c’est moi qui organise la partie. Être utile, c’est ma première préoccupation, car c’est la préoccupation même de l’homme en son essence essentiellement non particulière.

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