Conseil n° 6 : Lavons-nous les mains, mais n’oublions pas les pieds

De la pénurie de masques à la vaccination de Mauricette, on ne va quand même pas refaire l’historique de la communication des pouvoirs publics con­cernant le Covid 19 ? Si ? Bon d’accord. Mais alors vite fait. Le masque jugé inutile quand on en manquait et devenu obligatoire depuis qu’on en a à profusion. Souvenons-nous de ces propos si ingénument condescendants : « Et vous savez quoi ? Moi, je ne sais pas utiliser un masque. Je pourrais dire, je suis ministre… » On aurait voulu rassurer cette personne : depuis un certain temps déjà, on avait compris que le fait d’être ministre ne trahissait aucune supériorité intellectuelle. 

N’en rajoutons pas. Patelinage et pataugeage ont été les deux mamelles de la France.

Mais quand même, il ne faut pas tout critiquer. Soyons indulgent (et miséricordieux aussi, pensons à cette pauvre Mauricette, qui en boucle sur BFMTV a bien dû recevoir 87 injections). Saluons, par exemple, les pouvoirs publics concernant le lavage des mains. Dès le début, ils ont été irréprochables et n’ont pas changé de discours. Une affiche explicative est d’ailleurs mise à votre disposition par le ministère de la Santé : « Se laver les mains à l’eau et au savon pendant trente secondes est la mesure d’hygiène la plus efficace pour prévenir la transmission de tous les virus. » (« Frottez-vous les mains, paume contre paume, lavez le dos des mains, lavez entre les doigts… »)

C’est bien de mettre l’accent sur le lavage des mains, mais (chaque médaille n’a-t-elle pas son revers ?) ne faisons pas l’impasse sur les pieds.

Je n’ai pas entendu beaucoup de nos gouvernants rendre aux pieds les hommages qu’ils méritent dans la tragique période que nous traversons. Les pieds sont beaucoup moins responsables que les mains de la propagation du Covid-19. Dans l’épreuve, ils ont fait montre d’un civisme exemplaire, d’une dignité admirable.

Un sens minimum de l’observation nous indique que le pied n’a jamais cherché à se tendre afin de saluer une connaissance. Le pied n’a pas non plus tenté de récupérer la petite monnaie chez le marchand. Le pied, en aucun cas, n’a consenti à gratter le nez, lors même que celui-ci démangeait. 

Grâce soit rendue au pied. Négliger le pied serait plus qu’une ingratitude, une faute. Merci d’afficher les quelques lignes qui suivent dans vos lieux de vie :

« Se laver les pieds est une mesure d’hygiène pour le “mieux vivre ensemble”.

Frottez vos pieds l’un contre l’autre. Ils seront amenés ainsi à mieux se connaître, à mieux se comprendre. (Souvent dans la journée, enfermés dans leurs chaussures respectives, les pieds vivent des existences parallèles et solitaires.)

Lavez entre les doigts de pied. 

Lavez les pouces, les ongles, le bout des doigts de pied, sur le dessus et le dessous aussi.

Séchez-vous les pieds avec une serviette ou à l’air libre.

Préférez les coins à champignons dans la forêt de Fontainebleau que dans vos pantoufles. »

Vive les pieds ! Vive la France ! Vive Mauricette !