Conseil n° 10 : optez pour les télévacances
Voici les vacances et leur cohorte de désagréments, dont je n’ai pas besoin de vous dresser la liste (mais je vais le faire quand même, parce que, c’est pas tout ça, mon papier est censé s’étirer jusqu’au bas de la page…).
Voici donc les vacances d’été et leur cortège de contrariétés inévitables. Les embouteillages, les enfants qui se disputent à l’arrière des voitures, les sandwichs sur les aires d’autoroute, les méduses, les viandes calcinées sur les barbecues, les insolations, les échardes, les moustiques, les serpents dans les fougères, les souris dans les placards, les rats dans les greniers aménagés, les araignées dans les maisons de location et les bambins noyés dans les piscines privées sont autant d’événements qui, momentanément, peuvent légèrement assombrir une période traditionnellement destinée au repos, au farniente, à la rigolade.
En réalité, toute personne honnête en conviendra, les vacances sont des mauvais moments à passer.
Heureusement, grâce aux télévacances, plus besoin de se déplacer pour occuper ses congés payés. Puisque vous avez adoré le télétravail, optez pour les télévacances. Grâce à Internet, à votre téléphone portable, vous n’avez plus besoin de vous déplacer pour profiter des supposés plaisirs de l’été. Une serviette étalée au milieu du salon. De la crème solaire. La radio à pleins tubes. Les apéros qui traînent en longueur. Les déjeuners à pas d’heure. Et bien sûr, le haut débit pour se connecter à une plage, à une boîte de nuit enfiévrée ou, si vous êtes de gauche, à un chemin de grande randonnée, à une rivière perdue dans les Cévennes.
Faire le GR 20 en restant chez soi est désormais possible. Un documentaire sur votre home cinema, et vous, tel l’amoureux de la nature et des efforts que vous êtes, crapahutant sur un tapis de marche inclinable, profitant ainsi de la Corse sans les Corses.
Rien ne vous empêche, par ailleurs, de griller des saucisses sur le balcon, de lâcher un rat dans la chambre à coucher, d’utiliser votre lampe bronzante un peu trop près afin d’acquérir des coups de soleil ou de noyer vos bambins dans la baignoire. La période des vacances doit rester un champ d’expériences nouvelles, une façon d’enrichir votre vécu par des épreuves inédites.
Car le vrai plaisir des vacances, c’est d’en revenir et de pouvoir les raconter dès la rentrée près de la machine à café. Si aucun désagrément ne vous est arrivé, soyez raisonnable, vous n’aurez rien à raconter à vos collègues.
Vous me direz, dès le mois de septembre, vous retrouverez la solitude du télétravail et n’aurez par conséquent aucune occasion de croiser vos collègues.
C’est juste. Vous avez raison.
Gardez donc vos enfants au sec.
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