Comment être content (sans être niais) ?
Le bonheur, la joie, la béatitude… Autant de concepts qui ont une profondeur philosophique et auxquels on accorde une certaine dignité. Peut-on en dire autant du « contentement », qui peut paraître futile, voire un peu bêta ? Oui, on peut, et on vous explique pourquoi !
Le plaisir bourgeois
A priori le fait d’être content n’est pas un état auquel les philosophes accordent une grande dignité. Le mot est surtout associé aux petits plaisirs du quotidien – prendre quelques jours de vacances, déguster un bon plat, profiter d’une activité réjouissante… Comme le suggère l’étymologie latine contentus (« qui sait se satisfaire de »), le contentement renvoie à un plaisir borné qui suffit à combler celui qui l’éprouve. L’usage courant du mot aujourd’hui n’a d’ailleurs pas rompu avec cette origine : on est parfois enjoint de se « contenter » de ce que l’on a, autrement dit de ne pas trop exiger et de savoir se satisfaire des petits riens.
Cette morale de l’autolimitation et de l’humilité, qui peut avoir quelque chose de séduisant, a aussi pu irriter des penseurs et ne fait pas l’unanimité. Déjà au XIXe siècle, Gustave Flaubert en faisait la critique acerbe dans son roman Madame Bovary. Pourquoi ? Parce que celle-ci entretient un mode de vie petit-bourgeois, représenté dans le roman par l’état d’esprit et les activités du couple Bovary. Comblé par la vie conjugale (du moins à ses débuts), Charles Bovary, ravi et ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, s’en va le matin au travail « la chair contente », « en ruminant son bonheur, comme ceux qui mâchent encore, après dîner, le goût des truffes qu’ils digèrent ». La critique, traduite entre autres par l’usage du verbe « ruminer » qui associe Charles à un bovin, n’aurait pas été désapprouvée par Friedrich Nietzsche. Dans Ainsi parlait Zarathoustra, le philosophe allemand fustige l’homme incapable de se dépasser et de se confronter à la douleur et à la création, et dont la vertu « consiste à vivre longtemps dans un misérable contentement de soi ».
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
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