Chirac vintage ?
Ceinture remontée, air dégingandé, verve gauloise et sympathie bonhomme, de Jacques Chirac, la mémoire a surtout conservé les chaleureuses poignées de main, le goût pour la tête de veau et la Corona, les bons mots.
C’est qu’en quittant la fonction présidentielle, l’homme politique a été propulsé icône cool, sinon produit vintage : un bon vivant élevé en Corrèze qui saute les portiques du métro.
Le Tumblr Fuck yeah Jacques Chirac en a fait un archétype du swag, en exhumant des archives les meilleures photos du Président tandis que ses répliques « abracadabrantesques » sont entrées dans le langage comme des citations. Des t-shirts ont même été floqués à son effigie.
Un bon souvenir, voilà ce que serait Chirac. Un phénomène rétro. Dans Rétromania (Le Mot et le Reste, 2012), le critique musical anglais Simon Reynolds s’essaie à une définition de cette tendance, qui s’épanouit à « l’intersection de la culture de masse et de la mémoire personnelle ». Il en isole quatre caractéristiques. Le rétro :
- renvoie à un « passé immédiat », à une « mémoire vivante »,
- s’appuie sur un « élément de souvenir exact », sur la « disponibilité d’une archive documentaire »,
- repose sur des « objets de la pop culture »,
- « ne tend ni à idéaliser ni à sentimentaliser le passé, mais aspire à s’en amuser et à lui trouver du charme ».
Le goût pour le vintage n’est donc pas nostalgique. Le rétro n’est pas passéiste. Comme l’écrit autrement Raphaël Enthoven, « Le vintagen’affirme pas que “c’était mieux avant”, mais qu’avant, c’était. »
« L’encombrante matière » des façons de faire à l’ancienne séduit les contemporains, pris dans l’ère dématérialisée du tout-numérique. Comme le souligne le philosophe, « le vintage peut avoir été produit en série lors de sa fabrication, mais à condition que le moule soit cassé et que le temps lui-même se charge d’en faire une série limitée ».
Aujourd’hui, le temps a fait son affaire. Mais, par-delà les hommages, si l’on se souvient aussi des scandales de corruption, de la FrançAfrique, des essais nucléaires dans le Pacifique et des sorties racistes – « le bruit et l'odeur » –, qui pour regretter que le « moule soit cassé » ?
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