Céline Minard. Sur l’elle du désir
Après Le Dernier monde (2007) et Le Grand Jeu (2016), la romancière revient en cette rentrée littéraire avec Plasmas (Rivages), un texte inclassable qui nous expose à la fluidité de la langue, des frontières et des genres. Si ce livre est rangé dans la catégorie « science-fiction », Céline Minard, comme à son habitude, y dynamite les codes et invente une matière organique en perpétuelle métamorphose. C’est une histoire qui n’a ni début ni fin, comme suspendue entre deux mondes. Sa force réside dans sa manière de saisir le mouvement et de nous placer en air-time, cette sensation d’allégement et de perte d’équilibre ressentie au point culminant d’un saut, juste avant d’entamer la chute.
Une rencontre déterminante dans votre parcours ?
Claude Riehl, le traducteur d’Arno Schmidt.
Un ingrédient indispensable au processus créatif ?
Le temps.
Quel est votre rituel le plus précieux ?
Le petit déjeuner.
De quoi aimez-vous être ivre ?
De joie.
Quelle promesse vous êtes-vous faite à vous-même ?
Aucune, surtout pas, il ne manquerait plus que je me menace moi-même !
Votre moment favori de la journée ?
La sieste.
Prenez-vous au sérieux vos rêves nocturnes ?
Absolument, et j’ai dans l’idée qu’on devrait faire des assises du rêve et régler le plus gros de notre vie sociale sur ces minutes.
Y a-t-il quelque chose que vous placez au-dessus du plaisir ?
Celui qui dure.
Ce que vous retenez de votre éducation ?
Laquelle ?
Votre mot favori ?
Desire, en anglais.
De quoi vous accuse-t-on ?
D’être insupportable quand j’ai faim.
Votre devise ?
« Je maintiendrai. »
De quoi doutez-vous ?
De pas grand-chose, sauf au jardin (ça va pousser ?).
Pour vous l’inspiration, c’est…
Un appel d’air.
Quel est votre démon ?
Calypso (ma chienne de 2 ans).
La question qui vous tourmente ?
« Est-ce qu’elle va choper un serpent ? »
Quelle est la penseuse ou le penseur qui vous accompagne ?
Ma bibliothèque.
Le banquet de votre vie ?
Celui de So Long, Luise [Denoël, 2011] : côtes de cailles, potage à la peluche, grives entières sur canapé d’entrailles, petit pois au sucre, pain de brochet, joues de porc, asperges au blanc, puis relevé de bœuf, bulles de snail porridge, dés de saumon, réglisse, ravioles à l’huile verte, je vous passe les liquides, essentiellement de grands bourgognes. Mais ça pourrait être aussi le soufflé aux écrevisses de Ludla, elfe cuisinière au château d’Ash Grove. Ou une ventrée de rôts à la Taillevent. Ou deux œufs meurettes à la truffe noire, Tuber melanosporum, un shoot.
Votre truc pour corrompre la jeunesse ?
La littérature.
La chose la plus grotesque que vous ayez faite par amour ?
Rien n’est grotesque quand on le fait par amour.
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