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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Simon Berger/Unsplash

Ça sent le sapin pour la romance

Victorine de Oliveira publié le 10 janvier 2024 4 min

« Je ne sais pas vous, mais j’ai un peu la gerbe ces jours-ci, comme si un vieux reste d’huître m’était resté coincé au fond de la gorge et distillait encore ses relents d’intoxication. Des relents qui ont pour nom Gérard Depardieu et Benoît Jacquot, entre autres, deux personnalités “fierté” du cinéma français qui ont fait l’objet ces dernières semaines d’accusations et de dénonciations – mais aussi parfois de soutien. Face à ces “monstres” (pour reprendre les mots de l’actrice Judith Godrèche dans l’émission Quotidien) qui n’ont décidément rien de sacré, nous aurions grand besoin de modèles et d’utopies nouvelles.

Facile à dire, utopies nouvelles, surtout à l’heure où les sapins de Noël décatis s’empilent sur les trottoirs ou s’amoncellent dans des cimetières dédiés près des squares – vision ô combien déprimante. L’utopie n’a toutefois pas forcément besoin de se parer des guirlandes lumineuses des grands lendemains qui chantent, elle peut se pencher sur un registre plus modeste, celui de l’intime. C’est à cela qu’invite le nouvel essai d’Aline Laurent-Mayard, Post-romantique. Comment moins de romance pourrait sauver l’amour (et la société) paru aujourd’hui aux éditions JC Lattès.

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L’autrice y décrit la façon dont elle tente d’opposer à la norme du couple hétéro d’autres modes de vie et de cohabitation. Le couple, cellule formée de deux entités censées s’aimer depuis leur coup de foudre inaugural, reste en effet le Saint Graal d’une majorité, chez les jeunes notamment, ou les agents immobiliers. Aline Laurent-Mayard se définit elle-même comme asexuelle et aromantique, ce qui signifie qu’elle ne ressent ni désir sexuel ni attraction romantique (une orientation qu’elle a explorée dans le podcast Free from desire – comment l’asexualité m’a libérée en 2021). Un point de vue queer de choix pour analyser l’hégémonie de l’idéal romantique dans nos vies.

“Il existe une valeur couple comme il existe une valeur travail”, remarque-t-elle, en relevant que la culture dans laquelle nous baignons (cinéma, musique pop, littérature…) nous gave à longueur de pages et de partitions d’histoires d’amour qui seraient les seules à même de nous épanouir, de nous faire grandir et de nous permettre une véritable connaissance de nous-mêmes, parce qu’elles nous feraient traverser à la fois affres, souffrances et joies extrêmes. Un discours susceptible de justifier, au passage, bien des situations de domination : si la souffrance et le drame sont la norme de la passion, Judith Godrèche pouvait bien, à 14 ans, devenir le jouet d’un réalisateur de trente ans son aîné sans que cela ne pose de problème à personne.

Pourtant rien de plus instable et éphémère que l’amour romantique – sans parler des personnes qui ne le ressentent tout simplement pas. Les autres déclinaisons de l’amour – amical ou familial, par exemple – n’ont bizarrement pas aussi bonne presse, alors qu’elles font davantage leurs preuves en termes de durée et de stabilité. Pourquoi ne pas tout miser sur elles ? C’est ce qu’a tenté Aline Laurent-Mayard, en s’installant en colocation avec sa sœur, puis en cherchant des co-parents pour son enfant né sous PMA qui soient aussi des amis fidèles – inutile de le préciser, les embûches ont été nombreuses. Plus que l’amour romantique, l’amitié a par ailleurs une véritable portée politique subversive : “Tous les grands mouvements sociaux sont nés de discussions et d’actions menées entre ami.es. Cette relation, qui est l’un des rares liens sociaux sans hiérarchie, est un excellent lieu pour expérimenter des nouveaux modèles de vie domestiques et économiques.” Une potentielle utopie donc, que Michel Foucault a élaborée dans les dernières années de sa vie.

Dans un entretien accordé à la revue Gai pied en avril 1981 (disponible dans Dits et écrits t. IV, paru chez Gallimard), Foucault fait de son homosexualité le tremplin pour explorer un type de relation plus égalitaire : “Le problème n'est pas de découvrir en soi la vérité de son sexe, mais c'est plutôt d'user désormais de sa sexualité pour arriver à des multiplicités de relations. Et c'est sans doute là la vraie raison pour laquelle l'homosexualité n'est pas une forme de désir mais quelque chose de désirable. Nous avons donc à nous acharner à devenir homosexuels et non pas à nous obstiner à reconnaître que nous le sommes. Ce vers quoi vont les développements du problème de l'homosexualité, c'est le problème de l’amitié”, explique-t-il. Débarrassées de la norme romantique hétéro, nos orientations sexuelles et affectives peuvent, selon le philosophe, générer “un mode de vie” qui se passe de mécanismes de domination et de pouvoir. Nous acharner à cela, voilà peut-être de quoi nous débarrasser de la nausée. »

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