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Les portraits de Zanele Muholi, exposés depuis le 1er février 2023 à la Maison européenne de la photographie, à Paris. © Tadzio/MEP

Ça la fiche mal ?

Victorine de Oliveira publié le 01 mars 2023 3 min

Tous ces regards braqués sur vous, ça fait un drôle d’effet. Les portraits recouvrent intégralement les murs de la salle, tous pris selon un dispositif semblable, en noir et blanc – même cadrage, même angle, presque la même pose, pas de sourire. Varient seulement les tenues, qui vont de l’habit de prêtre à des perles plus évocatrices de la tradition zoulou en passant par un T-shirt lambda. On se sent scruté, jaugé. Pour Victorine de Oliveira, c’est presque déstabilisant…

 

« Avec la série Faces and Phases, la photographe sud-africaine Zanele Muholi, exposée jusqu’au 21 mai à la Maison européenne de la photographie (MEP) à Paris, explique avoir voulu entamer un travail d’archivage des membres de la communauté LGBT+ de son pays. Particulièrement persécutées parce que soupçonnées d’importer une “déviance”, une “corruption” venue de l’Occident dans une Afrique du Sud qui serait étrangère à toute identité queer, les personnes photographiées sont prises à visage découvert, le menton relevé, le regard frontal. D’autres séries documentent les violences subies, les crimes de haine et les viols correctifs. Mais dans celle-ci, Zanele Muholi semble mettre un point d’honneur à photographier des fiertés.

À vrai dire, toute l’œuvre de l’activiste est un gigantesque travail d’archive, qu’elle mène désormais depuis une trentaine d’années. Il y a quelque chose de compulsif dans sa façon de photographier, qu’elle se prenne pour sujet (des accessoires divers évoquent alors aussi bien les discriminations du temps de l’Apartheid que le travail de femme de ménage de sa mère) ou qu’elle tourne son appareil vers les autres. Plusieurs de ses modèles témoignent avoir d’abord cru être seuls dans leur écart par rapport à la norme. Zanele Muholi documente toutes ces solitudes pour les constituer en communauté.

L’archive est d’ordinaire du ressort de l’administration officielle de l’État et de la police, qui classe, trie, catégorise, tamponne, distribue les bons et les mauvais points en citoyenneté. En France, la préfecture de police de Paris a par exemple tenu un registre en deux volumes entre 1840 et 1850, étiqueté “Pédés”, aujourd’hui disponible aux archives du musée de la Police. Repérées lors de rondes de nuit ou à la faveur de dénonciations, les personnes qui y sont inscrites n’ont souvent qu’un nom, parfois un surnom (“le petit fumiste”, “la badigeonneuse”, “le maréchal”, “la belle André” qui “s’habille souvent en femme”), et une adresse. Peu de visages, mais Véronique de Willemin, autrice de La Mondaine. Histoire et archives de la police des mœurs (Hoëbeke, 2009), remarque que “tous les hommes recensés par les policiers sont qualifiés de pédérastes, pédérastes honteux ou infâmes”. L’identité n’est qu’un stigmate.

Le travail de Zanele Muholi relève d’une forme de fichage, mais où le fiché choisit lui-même ce par quoi son identité s’exprimera (vêtement, nom, pronoms). Face à ces portraits, on est bien en peine de dire qui est lesbienne, gay, androgyne, trans, intersexe, etc. “Ces catégories sont la carte imposée par le pouvoir, pas le territoire de la vie”, remarque Paul B. Preciado en introduction d’Un appartement sur Uranus (Grasset, 2019). “Mais si l’homosexualité et l’hétérosexualité n’existent pas, alors qui sommes-nous ? comment aime-t-on ? Imaginons-le”, poursuit-il. Avec les portraits-archives de Zanele Muholi pour guides. »

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