“Borat, nouvelle mission filmée” : comment peut-on être kazakh ?
Attention, rire jaune ! C’est le retour de Sacha Baron Cohen, réalisateur britannique, dans le rôle de Borat, un journaliste kazakh cette fois-ci envoyé par son gouvernement pour offrir sa fille à Mike Pence, afin de réhabiliter l’honneur de son pays (dans un film sobrement appelé Borat, nouvelle mission filmée : livraison bakchich prodigieux pour régime de l’Amérique au profit autrefois glorieuse nation Kazakhstan, sorti le 23 octobre sur la plateforme Amazon Prime Video). Sacha Baron Cohen utilise son fameux personnage satirique pour dresser le portrait de l’Amérique de Trump en 2020, alors que le pays est bousculé entre l’épidémie de Covid et une campagne électorale virulente. Au magasin d’armes du coin, dans l’intimité d’un cabinet de chirurgien esthétique septuagénaire ou sur le divan d’une coach spéciale « Sugar baby » (des jeunes femmes qui épousent de riches hommes plus âgés qu’elles), le périple du personnage révèle dans toute leur splendeur les pathologies d’une certaine Amérique.
La bande-annonce du film Borat : nouvelle mission filmée (Amazon Prime Video, 2020).
Utiliser le regard de l’Autre pour rendre saillants les travers d’une société malade ? Le procédé était déjà celui de Montesquieu qui, dans les Lettres persanes (1721), raconte le voyage de deux personnages originaires d’Asie centrale vers l’Occident : Usbek et Rica, partis en mission dans la France de Louis XIV et de la régence. À travers eux se dessine un tableau critique des moeurs occidentaux, qui apparaissent dans toute leur fantaisie – les deux voyageurs écrivent régulièrement à leurs amis pour « remarquer la bizarrerie de l’esprit des Français ». Ainsi Usbek de s’étonner : « Je me trouvai l’autre jour dans une compagnie où je vis un homme bien content de lui. Dans un quart d’heure, il décida trois questions de morale, quatre problèmes historiques, et cinq points de physique : Je n’ai jamais vu un décisionnaire si universel ; son esprit ne fut jamais suspendu par le moindre doute. »
À son tour, Borat, un presque Persan aux États-Unis, partant à la rencontre de médecins Pro-Life (anti-avortement), de supporters anti-masques (Pro-trump), de procomplotistes (anti-science), de pro-armes (anti-Noirs), fait la part belle à ces apôtres de l’opinion bien ancrée. Un film qui se présente comme un véritable appel au vote. N’est-on jamais mieux compris que par l’autre ?
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