“Biens essentiels” : le classement des philosophes
Depuis le début du reconfinement, la polémique ne s’éteint pas sur ce qui est considéré comme un bien ou un commerce essentiel. Les jouets, les objets de décoration, les meubles, les bijoux, les livres, les DVD, les jeux vidéo, les habits, les fleurs et le gros électroménager sont placés sur la liste des produits non essentiels. Tandis que la nourriture et les boissons, le tabac, l’équipement automobile, le matériel informatique, les journaux et la papeterie, les articles médicaux ou d’optique, divers matériaux ou engrais, la blanchisserie et les produits de toilette et d’entretien (liste non exhaustive) sont considérés comme essentiels.
Chacun y va de sa propre liste : les amoureux des livres protestent contre la fermeture des librairies, les fleuristes préviennent que nous passerons peut-être un Noël sans sapins, les accros au shopping se demandent si on aura bientôt le droit de se promener tout nu… Pourquoi l’alcool et les cigarettes seraient-ils plus nécessaires que les fleurs ? De quel droit un livre serait-il moins vital qu’un grille-pain ? Allons faire un tour chez les grands penseurs, et examinons les systèmes de classement que proposent la philosophie ou la psychologie !
• Pour Épicure, il faut privilégier les désirs naturels, conformes à la vérité du monde, fait d’atomes et de vide. Il faut donc pouvoir se sustenter, mais aussi se remplir d’amitié et de vérité. Le reste est littérature.
• Pour Montaigne, on ne peut pas faire l’économie du désir de savoir, de la curiosité, pour tenter de se comprendre soi-même. Comment les satisfaire sans avoir sous la main les réflexions des auteurs qui ont consacré leur vie à cette noble tâche ? Ne fermez pas les librairies !
• Selon Rousseau, au contraire, les progrès des techniques et des sciences nous rendent vaniteux, faux, et nous amollissent. Il faudrait profiter du confinement pour fermer tous les magasins et apprendre à produire nous-même le peu dont nous avons vraiment besoin.
• Le psychologue Abraham Maslow a dessiné une pyramide de nos besoins, de la base alimentaire au sommet, qui correspond à la réalisation de soi. S’il ne faut pas fermer les boutiques, c’est moins pour leurs clients que pour ceux qui voient dans leur travail le moyen de se réaliser soi-même.
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