Hors-série "Sagesses du monde"

Bhagavad-Gita : la sagesse du non-agir

Octave Larmagnac-Matheron publié le 04 mai 2023 3 min

Issue du Mahabharata, l’épopée de la Bhagavad-Gita est un texte majeur de l’hindouisme. Elle trace la voie de la dévotion par laquelle le moi s’accomplit dans l’action désintéressée, en accord avec l’esprit universel. Car délivrée du désir, l’action autant que la méditation est une voie vers la sagesse. C’est ainsi que le prince Arjuna, inspiré par Krishna, restaura l’ordre du monde en proie au chaos.


Le Mahabharata

Composé de 81 936 strophes réparties en dix-huit livres, quinze fois long comme la Bible, considéré comme le plus grand poème jamais écrit, réputé intraduisible : le Mahabharata est une œuvre hors-norme. Cette épopée, qui relate la guerre des Pandava et de leurs cousins, les Kaurava, pour la conquête du pays des Arya, répond à un enjeu historique précis : contrecarrer le développement du bouddhisme qui menace l’hindouisme en créant une véritable « machine de guerre littéraire » 1 capable de coloniser les imaginaires.
 

Une stratégie efficace, explique Jean-Claude Carrière ; le Mahabharata, « c’est probablement ce qui fait la cohésion de l’Inde. On s’est toujours demandé comment un pays composé de peuples si différents, parlant des langues si diverses – le bengali, le tamoul, etc. – mangeant des cuisines si variées, formait finalement un peuple, une démocratie. En réalité, c’est l’imaginaire, et non pas le réel, qui fait l’unité de l’Inde. Tous les Indiens partagent les mêmes mythes, les mêmes légendes, les mêmes héros. Ainsi, où que vous alliez en Inde, tout le monde, même les musulmans, connaît le Mahabharata. Et chacun a son interprétation de tel ou tel épisode. » 2 Cette pièce centrale de la pensée indienne est longtemps demeurée inconnue en Europe. Une partie seulement fit de bonne heure l’objet d’une traduction, dès 1785 par l’orientaliste britannique Charles Wilkins : la Bhagavad-Gita (« Chant du Bienheureux »), « abrégé de toute la doctrine védique ». Considérée par la majorité des courants brahmaniques comme un livre aussi sacré que les Veda, elle est intégrée en conséquence dans les shruti, la « révélation », alors que le reste du Mahabharata relève de la tradition (smriti).

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