Bertrand Russell : le contrôle de la parole
Extrait. De la novlangue à la « double pensée », le langage, vidé de sa substance, n’est plus qu’un instrument du pouvoir totalitaire. Détruit par son instrumentalisation politique, hors de contrôle, il entretient ses propres automatismes. N’oublions pas cependant, affirme Bertrand Russell en 1950, que, sous cette corruption délirante de la parole, se cachent des rapports de forces bien réels. Y compris en démocratie.
« 1984 de George Orwell est un livre horrible qui a dûment fait frémir ses lecteurs. […] Petit à petit, et pas à pas, le monde a marché vers la réalisation des cauchemars d’Orwell mais parce que la marche a été graduelle, les gens n’ont pas réalisé jusqu’où elle les a conduits sur cette route fatale. […] Ce qui est nouveau à notre époque, c’est le pouvoir accru des autorités de faire respecter leurs préjugés. […] L’une des pires conséquences de l’augmentation moderne du pouvoir des autorités est la suppression de la vérité et la propagation du mensonge au moyen des institutions publiques. […] La liberté d’expression était autrefois défendue au motif que la libre discussion conduirait à la victoire de la meilleure opinion. Cette idée s’effondre sous l’influence de la peur. Sous l’influence de la peur, la vérité est une chose et la “vérité officielle” en est une autre. C’est la première étape sur la voie du “double discours” et de la “doublepensée” d’Orwell. On dira que l’existence légale de la liberté d’expression est préservée mais son existence effective est désastreusement réduite dès lors que les moyens de publicité les plus importants ne sont ouverts qu’aux opinions sanctionnées par l’orthodoxie. Cela vaut plus particulièrement pour l’éducation. […] Les dangers sont réels – ils sont plus grands qu’à n’importe quel autre moment de l’histoire de l’humanité – mais céder à la panique n’arrangera rien. Il est de notre devoir clair en cette période difficile, non seulement d’en prendre conscience, mais de les considérer calmement et rationnellement malgré la connaissance de leur ampleur. Le monde de 1984, si nous lui permettons d’exister, n’existera pas longtemps. Il ne sera qu’un prélude à la mort universelle. »
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