Bartabas : “Je prends le risque de laisser le cheval s’exprimer”
Parmi les contributeurs de notre ouvrage collectif Méditations sur le risque, il y a un homme qui a fait du risque un art : Bartabas, grande figure des spectacles équestres et désormais également essayiste. Dans cet extrait, il nous explique pourquoi travailler avec des chevaux est risqué… mais pas dangereux.
© Philosophie magazine Éditeur
Le livre Méditations sur le risque (Philosophie magazine Éditeur) est disponible en librairie ou en vente sur notre site.
J’associe le risque à la fragilité. Elle est ce qui caractérise notre travail, au théâtre équestre Zingaro. Le spectacle vivant est éphémère par nature, et travailler avec des chevaux induit une fragilité particulière. Ce sont des êtres qui ne sont pas conscients de la finalité de leur travail : ce que veut dire le spectacle, son thème, l’enjeu d’un soir de première, vous pouvez l’expliquer à des humains. À des chevaux, non. Toute l’histoire de Zingaro est placée sous le signe du risque, dans la mesure où nous avons choisi un chemin que personne n’avait foulé avant nous. J’étais à la recherche d’une aventure originale, je dirais même originelle, puisque les chevaux ont été à l’origine de mon destin. J’ai vécu cette aventure comme une évidence. Prendre un risque consiste à faire un choix. Or, pour moi, il n’y avait pas d’alternative : ce serait comme ça ou pas du tout.
Nous misions tout notre avenir sur le fait de travailler avec des chevaux et nous nous étions fixé une exigence : respecter l’intégrité physique et psychologique des animaux. On leur doit d’autant plus de respect, d’amour et d’attention qu’ils n’ont pas choisi d’être là. Je dis souvent que nous sommes une compagnie mi-hommes, mi-chevaux, sauf qu’il y a une grande différence d’implication. Les humains sont là par choix. Leurs motivations sont d’ailleurs très variées : certains veulent entrer à Zingaro pour le style de vie, d’autres pour travailler avec moi, d’autres pour côtoyer des chevaux, d’autres pour le spectacle.
C’est une donnée de départ qu’il ne faut jamais oublier et qui était source d’un risque très concret. Entretenir des chevaux coûte cher, surtout si on veut le faire bien. Pendant des années, nous ne nous sommes pas versé de salaire. Pour dire les choses de manière plus crue, les chevaux étaient mieux logés que nous. Mais le risque économique n’est pas l’essentiel, je suppose qu’il existe dans tout métier. Dans l’histoire de Zingaro, chaque spectacle a toujours été un pari – une autre idée associée au risque. Avec notre façon de fonctionner, pratiquement en autofinancement puisque 80 % de nos moyens proviennent des recettes, l’avenir de Zingaro était remis en jeu à chaque spectacle. Si l’un d’eux n’avait pas eu de succès, je ne suis pas sûr que nous aurions pu faire le suivant.
Souvent, j’emploie moi-même cette expression : « Je fais une équitation à risque. » Certains comprennent « une équitation dangereuse », parce qu’ils pensent au risque d’accident. Ce n’est pas du tout ça : je prends le risque de laisser le cheval s’exprimer. J’y vois l’aboutissement de la confiance mutuelle dans le rapport entre l’homme et l’animal (…). S’exprimer ne veut pas dire faire n’importe quoi. Nous avons appris ensemble, nous nous sommes éduqués l’un l’autre pour présenter un air d’école et, le moment venu, je laisse le cheval le faire à sa manière – quitte à ce qu’il se dévarie un peu, voire échoue complètement.
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