Anne Dalsuet : “La ‘disputatio’ est extrêmement profitable dans la formation des esprits et des citoyens”

Comment a germé l’idée de former vos élèves de lycée à la disputatio ?

Anne Dalsuet : On me l’a proposé ! Il y a quelques années, j’ai fait la connaissance de François Euvé, actuellement président de l’association Disputatio contemporaine, rédacteur en chef de la revue Études et également professeur au Centre Sèvres, l’institut d’enseignement et de recherche jésuite où l’enseignement de la philosophie s’organise, notamment grâce à Guilhem Causse, autour de la pratique de la disputatio. Non qu’il s’agirait d’un hommage aveugle à la tradition scolastique, mais plutôt en raison de l’intelligence et la fécondité de la controverse, de la recherche en commun de la vérité. L’idée a germé, il y a quelque temps, de rendre cette pratique plus publique à travers un événement organisé à la Sorbonne – qui est après tout l’un des berceaux du débat philosophique ! L’événement a été pensé pour différents niveaux d’études : pour des élèves de terminale, pour des étudiants et pour des citoyens. Mériam Korichi, qui est une amie, a été choisie pour organiser cette disputatio ouverte au public. François et Mériam m’ont alors sollicitée pour participer à la part lycéenne de l’événement. C’était il y a deux ans environ. Le Covid-19, entre autres, a retardé l’élaboration du processus. Les discussions successives que nous avons eues ont permis de délimiter les thèmes articulant les échanges : en l’occurrence l’enjeu, politique, des droits humains, de la majorité, des rapports entre république et démocratie. Les questions ont ensuite été hiérarchisées selon le niveau des disputants. Nous n’allions évidemment pas donner la question la plus pointue ou la plus délicate aux lycéens, auxquels a été attribué le problème des droits humains et des droits du citoyen. Les étudiants, de leur côté, auraient à traiter le problème épineux de la majorité. Et les citoyens, enfin, à interroger les liens entre république et démocratie. Vous voyez comme ces questions s’emboîtent !