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Michel Serres. © Serge Picard/Agence VU

“Allô, la Terre ?”

Martin Legros publié le 07 novembre 2022 4 min

“Notre planète envoie un signal de détresse”, a affirmé le secrétaire général de l’ONU António Guterres pour l’ouverture de la COP 27. Une formule qui a retenu l’attention de Martin Legros, qui se remémore les discussions qu’il avait eues à ce sujet avec Michel Serres…

 

« “Notre planète envoie un signal de détresse”, a affirmé le secrétaire général de l’ONU António Guterres pour l’ouverture de la COP 27 à Charm el-Cheikh, en Égypte, alors que les engagements de réduction d’émission de gaz à effet de serre, pris par les États du nord de la planète, les plus pollueurs, n’ont pas été tenus. Et que les pays du sud, moins pollueurs, paient les conséquences les plus lourdes du réchauffement. La formule m’a fait penser à celle du philosophe Michel Serres lorsqu’il appelait, dans les années 1990, au moment des premières conférences sur le climat, à entendre l’appel au secours qu’émet la Terre, et à élaborer, en guise de remède, un nouveau “contrat naturel”.

“Mayday, Mayday, Mayday !” Cet appel de détresse, répété trois fois, est connu et redouté de tous les marins. C’est celui qu’ils doivent utiliser dans les communications radio-téléphoniques pour signaler qu’il y a le feu à bord, que leur bateau coule et que la vie de l’équipage et des passagers est menacée. C’est la transcription en anglais phonétique du français “M’aider”, expression elle-même raccourcie de “Venez m’aider !”, adoptée au début du XXe siècle comme code international de secours. C’est ce que j’ai entendu dans la formule de Guterres sur le “signal de détresse” que nous envoie la Terre aujourd’hui. Et je me souviens que Michel Serres affirmait déjà, lui aussi, qu’il avait le sentiment que la Terre – ou que ce qu’il appelait plus précisément la Biogée (du grec “bios”, la vie, et “gé”, suffixe ou préfixe de la Terre) –, notre habitat terrestre et vivant, émettait dorénavant un appel de détresse du même ordre que celui qu’adressent les marins en perdition. Et qu’il était urgent de savoir l’entendre, par-delà le vrombissement de nos voix, de nos débats et de nos moteurs. Les Grecs allaient à l’écoute de la voix de la Terre, du bruit du monde, dans les trous béants des cavités naturelles. Nous l’entendons dorénavant dans le sifflement des feux de forêts, des tornades et des inondations. Et c’est un cri de détresse : “Mayday, Mayday, Mayday !”

Cette détresse de la planète, Serres considérait qu’elle était le fruit d’une nouvelle “guerre mondiale”. Non plus la guerre qui oppose les gouvernements et les peuples du monde entre eux, mais une guerre que tous les peuples mènent contre le monde… alors même qu’ils sont tous embarqués sur ce monde. Le bateau ou l’Arche originaire de la Terre coule, et il faut entendre son cri de détresse sous peine de couler avec lui. Dans cette situation périlleuse, l’espoir de Serres était qu’en prenant conscience de ce danger mortel, les passagers de l’Arche, soit les peuples et les gouvernants, cesseraient de rivaliser entre eux pour contracter une nouvelle paix. Ainsi, la crise écologique nous condamnait, selon lui, à la paix perpétuelle… ou à la mort.

Face à ce qui m’apparaissait comme une utopie, il m’est arrivé de lui opposer que ce schéma laissait croire que les conflits politiques “classiques” (entre États, entre nations, entre classes sociales) pouvaient s’effacer devant le péril écologique. Alors qu’on pouvait redouter qu’au contraire, à mesure que la crise écologique s’approfondirait, elle ne manquerait pas de multiplier les occasions de conflits entre les hommes (qu’il s’agisse de se répartir les ressources disponibles ou de gérer les migrations climatiques, par exemple). La nature est en train de rentrer dans nos conflits, c’est une certitude. Mais il n’est pas certain qu’elle y mette fin. À quoi Serres répondait que j’étais encore trop enfermé dans une conception de la politique exclusivement humaine, celle de la polis, de la ville, alors qu’il était temps de faire entrer dans ce théâtre trop urbain tous les autres acteurs : animaux, plantes, fleuves, montagnes, etc. Ce qui était l’enjeu du “contrat naturel” qu’il appelait de ses vœux.

Hasard du calendrier ? Alors que la COP 27 nous confronte plus que jamais à l’actualité de cette guerre mondiale écologique, les Rencontres Michel Serres de la ville d’Agen se tiennent du 10 au 13 novembre prochains. Avec pour thème : “Demain, la Terre”. Philosophes, scientifiques, agriculteurs, mais aussi artistes et militants de l’écologie débattront pendant quatre jours dans la ville de naissance du philosophe de l’actualité de sa pensée. Si vous êtes dans le coin, rendez-nous visite… »

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