Aldo Romano : « Le style vient toujours d’un défaut »

Patrick Williams publié le 4 min

Pour le batteur Aldo Romano, l’un des premiers musiciens européens à jouer du free jazz, puis à s’en libérer, c’est la maîtrise des codes qui permet l’improvisation et favorise la transgression.

 

Au téléphone, Aldo Romano vous donne rendez-vous au Café de Flore : « Je dois y retrouver quelques amis. Venez, on pourra parler. » Une manière très nonchalante, très jazz, de lancer une invitation et qui sent sa jam session. Il faut dire que Romano, pape de la note bleue en France, lauréat du Jazzpar Price – le Nobel du jazz – en 2004, a beaucoup pratiqué l’improvisation : il est l’un de ceux qui ont importé le be-bop et le free jazz en Europe dans les années 1960. Il a joué aussi aux côtés de légendes comme Bud Powell, Chet Baker ou Keith Jarrett. « J’ai toujours privilégié la surprise, dit-il. Quand je réunis des musiciens pour un concert, je n’aime pas répéter avant. Je leur donne la grille d’accords, le thème, et, après je les laisse libre. C’est passionnant d’être étonné. Même chose quand j’écris de la musique, je n’ai pas de rituel précis, j’apprécie d’être dérangé dans mon travail. »

Romano est un bel homme de 72 ans, très élégant dans son costume. Il dégage une impression d’autorité calme, de charisme et, en même temps, d’attention à l’autre qui lui a valu le titre de « parrain » dans le milieu du jazz. S’il aime les incidents, il ne défend pas le n’importe quoi. « L’improvisation, ça ne s’improvise pas. Il y a tout un langage, une arithmétique, une mémoire qu’il faut posséder. On doit maîtriser diablement les codes pour

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