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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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“23 Penseuses pour 2023” : les femmes pensent-elles (vraiment) autrement ?

Julie Davidoux publié le 05 janvier 2023 3 min

À l’occasion de la publication du volume 23 Penseuses pour 2023 (Philosophie magazine Éditeur), qui rassemble des grands textes philosophiques parus récemment dans la presse internationale, nous nous expliquons sur les raisons qui nous ont conduits à ne retenir, contrairement aux années précédentes, que des voix de femmes pour ce panorama de la pensée contemporaine.


Pourquoi avoir décidé qu’en cette année 2023, les vingt-trois penseurs les plus saisissants de notre temps seraient tous des penseuses ? Trois raisons soutiennent ce choix éditorial. Une raison politique, d’abord. Cinq ans après #MeToo, alors que la question de la place de la parole des femmes dans l’espace public est toujours aussi décisive, il faut parfois « forcer » les choses pour surmonter les blocages d’une culture patriarcale qui invisibilise souvent les femmes dans l’arène du débat public et intellectuel.

Une deuxième raison nous a conduits à ne retenir que des femmes : la curiosité. Cette sélection ample de voix féminines invite à découvrir des autrices et des démarches souvent moins connues, auxquelles nous n’aurions pas pu faire autant de place si nous ne nous étions pas imposé cette exigence, ou si nous avions cherché à respecter une plus grande parité.

La troisième et dernière raison est plus spéculative et plus risquée. Elle tient à un pari intellectuel, celui de « prendre au mot » un certain courant du féminisme contemporain qui défend l’idée qu’il y aurait une manière de voir et de penser le monde qui distingue les femmes des hommes. Ou, pour être plus précis, que les femmes auraient été amenées, par leur position marginale dans l’histoire et la société, à remettre en question les notions d’objectivité et de neutralité qui définissent notre vision du savoir, selon une épistémologie largement dominée par les hommes. Et à défendre l’idée perspectiviste d’une science du « point de vue ».

Introduite dans les années 1980 par le courant du féminisme marxiste, cette hypothèse est creusée aujourd’hui par la philosophe Donna Haraway. À l’idéal d’un point de vue de survol qui permettrait d’atteindre un savoir objectif et universel en s’affranchissant de toute situation particulière, Haraway oppose une « objectivité féministe » qui assume de parler d’une place « située », « circonscrite », « encorporée » (Manifeste Cyborg et autres essais, Exils). Loin de basculer dans un relativisme qui renoncerait à l’idée d’un monde commun, ce perspectivisme est le levier d’un accès renouvelé au réel, au savoir et à la raison.

Le relativiste dit : « À chacun ou à chacune son point de vue », ce qui est une façon paresseuse d’assumer sa partialité, « une façon d’être nulle part tout en prétendant être partout de la même manière ». À l’inverse, le perspectiviste affirme : « À chacun de rendre partageable son point de vue situé et unique. » Prétendre parler du point de vue de l’identité féminine, marginale et assujettie ne suffit cependant pas à toucher le vrai. « L’identité, y compris l’identité à soi-même, ne produit pas de science », affirme avec force Haraway.

Aussi appelle-t-elle les femmes à assumer l’inquiétude, le doute, l’incertitude dans laquelle elles se trouvent quant à la place située d’où elles parlent... là où les « garçons des sciences humaines », selon une formule ironique, ont toujours cherché à évacuer ce doute. « Les garçons des sciences humaines ont appelé ce doute concernant la présence à soi-même la “mort du sujet”, ce point d’ordonnancement unique de volonté et de conscience. Ce jugement me semble étrange. » Et de conclure en nom propre : « Je préfère appeler ce doute générateur la percée des sujets, agents, et territoires non isomorphes d’histoires restées inimaginables pour l’œil cyclopéen et autosatisfait du sujet maître. » Pour atteindre une nouvelle objectivité à partir de ces perspectives toujours partielles, il faut donc partir de ce moi « divisé et contradictoire » qui est le seul qui puisse « composer et faire correspondre les conversations rationnelles et les rêves fantastiques ».

Ce pari philosophique d’un « perspectivisme féministe » peut-il déboucher sur un nouveau type de « conversation rationnelle », comme le prétend Haraway ? C’est toute la question. Loin d’être collées à leur situation concrète, les nouvelles penseuses de notre temps assument le « point de vue », parfois marginal, toujours singulier, depuis lequel elles font l’expérience de la vie sociale, du monde, de l’histoire, aussi bien que de la pensée. Elles s’efforcent de transformer cette perspective partielle, située et unique, en vision objective et partageable. Et cela change tout.

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