Un si léger cauchemar

Une recension de Juliette Cerf, publié le

La fiction est-elle propice à la réflexion philosophique ?

Il existe de nombreuses fictions philosophiques. On en trouve quantité d’exemples, de Platon à Sartre, en passant par Lucien, Voltaire, Diderot, Rousseau, Sade et tant d’autres, jusqu’à Wittgenstein. Sans doute avait-on un peu oublié, ces dernières décennies, ces multiples allers-retours entre analyse conceptuelle et genre narratif, du mythe au conte, du roman au théâtre. Sans prétendre me rapprocher de si grands noms, j’ai tenté, ces dernières années, d’explorer à ma manière le domaine frontalier entre philosophie et littérature. 101 Expériences de philosophie quotidienne, où je tente de rendre sensibles des questions abstraites, mais aussi Dernières Nouvelles des choses, où je décris des rencontres avec les objets de tous les jours, ou encore Votre vie sera parfaite, conte satirique sur les mystifications du « développement personnel » et leurs ravages, sont des exercices de style et d’imagination autant que des incitations à la réflexion.

 

Comment s’organise Un si léger cauchemar ?

L’intrigue est composée de cinquante épisodes, qui s’emboîtent et se relient pour ne former finalement qu’un seul récit. L’ensemble construit un monde totalement loufoque. On y trouve des objets curieux (miroir payant, arc-en-ciel domestique, gel à fixer le temps), des personnages qui ne le sont pas moins (Che Guevara retiré en Finlande, un boulanger-prophète, un superhéros nommé Drastik), et des situations inhabituelles (la disparition des pommes, l’évanouissement de l’heure, une exposition d’objets jamais photographiés), le tout sur fond de clonage industrialisé, de cannibalisme gastronomique et d’invasion d’extraterrestres.

 

Prolonge-t-il vos précédents livres ?

Non, pas vraiment, car il s’agit cette fois d’une fiction, une histoire folle que j’ai écrite par plaisir. Et j’espère le faire partager. S’il y a un point commun, c’est l’affolement des évidences, le décalage systématique du quotidien cherchant à provoquer un rire singulier. Cela dit, je revendique d’écrire tour à tour des ouvrages de philosophie (j’achève en ce moment un chantier de longue haleine sur les barbares et la barbarie), des essais, des contes philosophiques, des romans romanesques, etc. Il n’y a pas nécessairement une unité derrière cette multiplicité. En tout cas, elle n’est pas explicite. À d’autres de la trouver si elle existe...

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