Théorie du trou

Une recension de Philippe Nassif, publié le

Parfois un grand film parvient à forger un mythe moderne. Tel est le cas de Une sale histoire de Jean Eustache, sorti en 1977 : le récit d’un homme qui regarde le sexe des femmes depuis un trou percé au ras du sol dans les toilettes d’un café. Il touche ainsi, nous dit le philosophe Laurent de Sutter, à la « vérité intenable » qui fait du couple de l’œil et du sexe la réalité du « trou » primordial. C’est l’irréfragable lien entre la jouissance et l’humiliation qui est mis en scène, et sa forclusion par une conception contemporaine de l’érotisme vu comme un simple exercice d’hygiène. Là où, avec Platon, nous sortons de la caverne vers la vérité solaire, avec de Sutter, la sortie douloureuse du monde « de la frime » se situe vers le très bas : au sous-sol souillé d’un rade fréquenté par des voyeurs à moitié fous.

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