Sartre. Un rationaliste romantique

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Iris Murdoch n’est pas encore la grande romancière que l’on connaît lorsqu’elle écrit, en 1953, ce magistral essai sur Sartre. Ancienne élève de Wittgenstein, elle enseigne alors la philosophie à Oxford et c’est, dans ce texte dense et savant, le Sartre romancier qui l’intéresse. Ou plutôt : ce que peut la philosophie de Sartre pour l’art du roman… et inversement. Ou, plus crucial encore : comment, dans ses romans, Sartre a poussé sa pensée au plus loin… jusqu’à buter sur son point aveugle, c’est-à-dire la part de « mystère » de la vie humaine. Si Sartre, dans son idée de la liberté, oscille entre « la fièvre » (romantique) et « la discipline » (rationaliste), il échoue à creuser l’opacité des relations humaines : « Autrui fait son entrée, analyse Iris Murdoch, mais un à la fois, tel un pur regard paralysant la Méduse. » Frédéric Worms a eu l’excellente idée de traduire cette étude qui était restée inédite en français. L’année suivante, en 1954, Iris Murdoch publie son premier roman, Sous le filet, comme pour réaliser, en romancière, le programme philosophique incomplet de Sartre l’écrivain. Quant à Sartre, il cesse d’écrire des romans.

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