Relire la Révolution
Une recension de Philippe Garnier, publié le« C’est une révolte ? » demandait Louis XVI en apprenant la prise de la Bastille. « Non sire, c’est une révolution ! » lui répondit un duc. Ce court dialogue est resté dans la mémoire collective. Car si l’événement révolutionnaire transcende le cours ordinaire des événements, encore faut-il lui donner un nom. Le mot « révolution » contribue à faire surgir une réalité d’un autre ordre. Une révolte cherche à satisfaire un besoin, une révolution crée des valeurs, des institutions et change le sens des mots. Et c’est précisément en philosophe mais aussi en linguiste que Jean-Claude Milner relit la Révolution française et la « croyance révolutionnaire » qui s’y est enracinée.
« Le bilan des révolutions du XXe siècle est-il trop noir ? »
Ni la révolution anglaise du XVIIe siècle, ni la révolution américaine à partir de 1763 n’avaient laissé pareil héritage. Rien qui soit comparable à cette ligne à haute tension qui a surgi en France en 1789 pour produire un « voltage » plus ou moins intense au cours des XIXe et XXe siècles. Pendant deux cents ans, qu’on l’ait redoutée ou préparée, la révolution est restée la référence majeure. Comme l’écrit Milner, qui fut maoïste : « À la mélancolie, passion moderne née de l’universalisation de la forme-marchandise, l’idéal révolutionnaire propose à la fois une exception et la promesse d’un nouvel ordre des choses. » Aujourd’hui, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, cette croyance est presque éteinte. Le bilan des révolutions du XXe siècle est-il trop noir ? La marchandise a-t-elle tout englouti ? Quoi qu’il en soit, ce désaveu mélancolique menace d’englober l’acte inaugural de 1789.
Or, pour Milner, la fin de la « croyance révolutionnaire » a une vertu inattendue : elle dévoile le sens inépuisable de la Révolution française. Elle en fait ressortir le génie irréductible. Par la Déclaration de 1789, en effet, cette révolution donne des droits non seulement au citoyen, ce qui est le propre des régimes républicains depuis l’Antiquité, mais aussi au non-citoyen, quels que soient son origine et son statut. Il suffit donc d’être né pour jouir de ces droits : liberté, propriété, sûreté, résistance à l’oppression. Il suffit d’être « un homme », c’est-à-dire « un corps parlant ». « Si la révolution française touche au réel, écrit Milner, ce n’est pas par la mise à mort, mais par le corps parlant, non pas par la Terreur, mais par les discours, non par le sang versé, mais par les mots. » En cela, elle n’est pas le point de départ d’une longue saga révolutionnaire, mais un événement pur, à partir duquel l’histoire ne peut plus être la même.
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