Pourquoi lire les philosophes arabes

Une recension de Philippe Garnier, publié le

« Pas un homme, dans l’effort de sa recherche, n’a pu atteindre le vrai autant que le vrai l’exige… », écrivait au IXe siècle Al-Kindî, l’un des premiers lecteurs arabes d’Aristote. Selon Ali Benmakhlouf, l’enga­gement en faveur de la vérité et la conscience de ne la détenir que partiellement est la dimension où les philosophes arabes se situent. Averroès tire des philosophes grecs une pensée non subjective, un intellect impersonnel, global et ultime, dont chaque intelligence séparée procède et auquel elle aspire. Comme Avicenne et Avempace, il élabore une pensée qui dialogue avec l’héritage grec et en adopte le nom en arabe : falsafa. Non sans conflits, cette pensée se sépare de la théologie islamique mais conserve une relation au Coran comme code général de l’univers et des conduites humaines. Plutôt qu’à la refonte totale d’un système explicatif, le cheminement arabe aboutit ainsi à une série de « modes de connaissances », – la philosophie, la médecine, le droit… – distincts dans leurs objets et leurs méthodes mais tous tributaires de la logique. Paradoxalement, une proximité maintenue avec le texte religieux favorise une pensée des modes et des accès séparés, égaux en dignité, à une vérité qui ne se dévoile jamais absolument. Un antidote lointain et précieux à toute forme de fanatisme.

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