Petit Traité des valeurs

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Voici un livre discrètement indispensable, tout en rigueur, simplicité, profondeur, et en secrète fantaisie. Même si l’on ne savait pas qu’il a été élaboré par un noyau de philosophes de l’Université de Genève, on lui trouverait ces qualités généralement attribuées au protestantisme transalpin… en l’occurrence plutôt à la philosophie de la logique. Les valeurs existent-elles comme des absolus, ou ne sont-elles que le reflet de nos attitudes vis-à-vis de nos expériences du monde, qui nous conduisent à apprécier celles-ci comme bonnes ou mauvaises ? En clair : un tournevis enfoui dans le sable du Sahara peut-il être dit utile ? Une blague est-elle drôle si elle ne fait rire personne ? Ces questions subtiles sous-tendent ce petit traité qui explore les formes variées que prennent le bien et le mal. 

L’utilité, l’humour, le savoureux, l’intéressant côtoient ainsi la liberté, la justice, la beauté, dans de courts chapitres, confiés à un bel aréopage de philosophes internationaux, chacun ayant pour consigne de dérouler sans références ni prérequis une tentative de définition.

Chemin faisant, bien de nos questions contemporaines y figurent : l’amitié est-elle encore une valeur si l’ami m’entraîne au meurtre ? Obéir à une tradition, est-ce une valeur d’humilité ? Peut-on attribuer un prix à la vie d’une personne ? Un esclave est-il libre s’il peut faire ce qu’il veut ? Parfois, on tombe sur des ambivalences irréductibles : l’honneur, qui dépend tant du social, la dignité, notion « fourre-tout », sont-elles vraiment des valeurs ? À la fin de l’exploration se dessine alors un paysage moral riche et contrasté.

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