Pervers, analyse d'un concept suivi de Sade à Rome

Une recension de Mehdi Belhaj Kacem, publié le

Pierre-Henri Castel pose, avec une radicalité sans exemple, la question que la plupart de ses confrères s’évertuent à rater : celle du Mal. Après une enquête linguistique brillante pour définir le Mal, Castel se penche sur le Philosophe par excellence de la question : Sade. Insistons : le philosophe. Car, derrière l’encyclopédie simplement factuelle des atrocités que Sade a notoirement dressée comme écrivain, se trouve une métaphysique pas moins profonde que celles des plus grands noms de la tradition. Castel est le premier à prendre Sade philosophiquement au sérieux. Allons droit au but : les trois dernières pages s’imposent comme un classique instantané de la pensée contemporaine. Elles devraient être lues partout, tant elles récapitulent de manière impitoyable, lucide, vraie, notre situation historique (alors que la fin de l’humanité est probable) ; ce qui nous attend si nous ne réagissons pas, ici et maintenant : « plus la fin de tout sera proche, et plus l’unique choix de raison sera pour les hommes […] d’en tirer les jouissances les plus atroces, les plus démentes, les plus excessives ». Le reste de la production éditoriale, à la lumière de ces trois pages terribles, apparaît d’une dérisoire frivolité.

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