Joseph Tonda: “Des complicités perverses entre logiques économiques et traditionnelles”
Le 24 février, le président ougandais a proposé de nouvelles lois homophobes. L’occasion de s’interroger sur les représentations de l’homosexualité en Afrique avec le chercheur gabonais Joseph Tonda.
Comment interprétez-vous le durcissement de la législation contre les homosexuels en Ouganda ?
Joseph Tonda : Pour qui connaît l’influence des églises évangélistes américaines en Afrique, difficile de ne pas le lier à l’appartenance du président Yoweri Museveni à cette obédience. Lui et sa femme sont des born again, leur fille est pasteure d’une église pentecôtiste, ils sont très engagés religieusement. Ces dirigeants sont très sensibles à l’action du lobby évangélique, proche de la droite américaine.
Voyez-vous des caractéristiques communes dans la manière dont est considérée l’homosexualité en Afrique ?
Il existe des différences : l’Afrique du Sud est l’un des pays les plus libéraux en la matière ; au Gabon, nulle loi, nul discours officiel, ne discrimine les homosexuels, mais, au Cameroun voisin, la situation est très rigide. Sur le plan politique, donc, l’homophobie se mesure souvent à l’appartenance des dirigeants à ces réseaux religieux transnationaux, chrétiens ou musulmans. Avant de parler d’une « homophobie africaine », il faut savoir de quelle Afrique on parle. Pour moi, l’Afrique d’aujourd’hui, ce sont des pentecôtistes chrétiens et des djihadistes, qui prospèrent sur le capitalisme triomphant. Par ailleurs, sur le plan social, on observe partout une visibilité plus grande de l’homosexualité : c’est un phénomène récent, urbain, lié à la modernité et à la publicisation donnée à l’homosexualité par les associations militantes mondiales. De sorte que l’homosexualité peut aussi être vue comme un produit de la mondialisation, voire de l’Occident.
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