Pensées diverses sur la comète

Une recension de Anne-Sophie Moreau, publié le

En 1680, une comète traverse le ciel. Parmi les théologiens de la Sorbonne, nul ne songe à contester la superstition dominante, qui y voit un présage de la colère divine. C’était compter sans le scepticisme polémique de Pierre Bayle. Ce fils de pasteur réformé, converti au catholicisme puis revenu à sa foi première lors de la persécution des protestants sous Louis XIV, publie anonymement ses Pensées diverses sur la comète en 1682. Non content d’y réfuter l’interprétation théologique du mouvement des astres, il y introduit des thèses révolutionnaires sur le rapport entre foi et raison : en montrant que « l’athéisme ne conduit pas nécessairement à la corruption des mœurs », le philosophe ose nier le lien entre croyance et moralité, posant les fondements d’une morale laïque. Manifeste politique contre l’intolérance religieuse, son brûlot lui vaut la haine des deux Églises. Les Lumières doivent beaucoup à cette verve rebelle qui n’épargne ni le pouvoir clérical, ni l’absolutisme, et son Dictionnaire historique et critique fournit à Diderot le modèle de l’Encyclopédie. La parution en poche de ces Pensées rend hommage à ce rationaliste convaincu, étincelant d’audace et de modernité.

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