Oeuvres philosophiques

Une recension de Cécilia Bognon-Küss, publié le

Des écrits fragmentaires et dispersés de Diderot, dans lesquels l’écrivain se plaît à se grimer au risque de disparaître sous la multiplicité de ses masques, certains hésitent à dire qu’il s’agit d’une œuvre, et encore moins d’un système philosophique. S’il est vrai que Diderot a « renoncé aux illusions de la totalité et fait son deuil de l’identité », selon Michel Delon, maître d’œuvre de cette édition de la Pléiade, c’est parce qu’il est un « philosophe de la complexité ». Dans la Lettre sur les aveugles, le Rêve de d’Alembert et les Pensées sur l’interprétation de la nature, Diderot dévoile les subtilités d’un matérialisme qui insuffle une énergie fantaisiste à la Nature et égratigne aussi bien la sage morale que la rigide métaphysique. « Après l’auteur qui nous apprend la vérité, le meilleur est celui dont les erreurs singulières nous y conduisent », écrit-il malicieusement. L’encyclopédiste, pour qui la philosophie commençait avec l’incrédulité, cherche moins à « instruire » qu’à « exercer ».

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