L’Imposture antispéciste

Une recension de Frédéric Manzini, publié le

Le souci du bien-être animal peut mener au meilleur comme au pire. C’est ce pire que notre consœur Ariane Nicolas dénonce dans l’antispécisme. Ses idéologues – du philosophe Peter Singer au Parti animaliste – prônent l’égalité des espèces autant que celle des « races » et des sexes. Pour eux, la forme ultime de discrimination s’exerce contre les animaux non humains au nom de la supériorité de l’animal humain. Est condamnée toute exploitation (chasse, élevage mais aussi équitation…). Élargie à toute vie sensible, l’éthique antispéciste peut conduire à préférer un chimpanzé sain à un humain handicapé mental. C’est une pensée intrinsèquement violente : « l’antispéciste est au végane ce que l’intégriste est au croyant », conclut Ariane Nicolas. Par une enquête nourrie, elle en décèle « l’imposture » : sous couvert de libération animale, l’anti­spécisme n’est que le retournement de la culpabilité de l’humain contre lui-même, pour expier son passé marqué par les génocides et la surexploitation des ressources naturelles. Au lieu de vouloir punir ou de changer l’espèce humaine, mieux vaudrait changer notre relation aux animaux et notre système économique. Un pamphlet stimulant, qui lance un pavé dans la mare. Attention aux canards !

Sur le même sujet


Article
2 min
Nicolas Grimaldi

En partenariat avec les Presses universitaires de France, Philosophie magazine propose chaque jour une entrée de l’abécédaire philosophique de Nicolas Grimaldi.



Article
3 min
Tobie Nathan

Comment ce 4x4 conçu en temps de guerre a-t-il muté pour investir l’espace urbain ? Brève théorie de l’évolution des espèces automobiles.



Article
2 min
Adrien Barton

« Regarde Anna, il faut que je te montre mon nouvel animal de compagnie !