Leurs enfants après eux

Une recension de Philippe Garnier, publié le

À Heillange, quelque part dans l’est de la France, les hauts fourneaux qui ont tourné nuit et jour sont désormais des carcasses rouillées que les gamins canardent avec des billes d’acier. Sur ces territoires voués à l’oubli, Leurs enfants après eux est l’épopée d’une jeunesse perdue des années 1990, sur fond de vols de motos, de drague et de trafic de drogue : « Les familles poussaient comme ça, sur de grandes dalles de colère, des souterrains de peines agglomérées qui, sous l’effet du pastis, pouvaient remonter d’un seul coup en plein banquet. » Alliant avec brio l’invention poétique et le parler quotidien, Nicolas Mathieu excelle à saisir l’instant où l’élan de l’adolescence s’englue dans le sentiment de l’inexorable. Grandir, c’est comprendre que le monde est indéchiffrable. Dans cette vallée sans avenir, l’expérience en est plus aiguë, plus tragique. Mais avec ses épiphanies modestes et ses courtes merveilles, ce livre, lauréat du prix Goncourt, en tire une morale et un art.

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