Les Enfants de Cadillac
Une recension de Frédéric Manzini, publié leC’est l’histoire d’un homme qui se met à s’interroger sur ses origines et son patronyme. Et d’un professeur de philosophie qui, après avoir beaucoup écrit sur les autres – Sartre ou Beckett –, revient sur lui-même en signant un premier roman autobiographique. Un peu par le hasard des circonstances, un peu à la suite de son installation aux États-Unis qui lui a donné un angle de vue nouveau, François Noudelmann (photo) s’est surpris à voir cette quête de soi s’imposer à lui : explorer son identité française telle qu’elle s’est construite à travers trois générations. Trois portraits d’hommes plus précisément – les femmes sont à peine évoquées –, qui résonnent comme les trois actes d’une pièce de théâtre aux accents parfois tragiques. Le premier retrace l’épopée de Chaïm, son grand-père qu’il n’a pas connu, fuyant les persécutions contre les Juifs en Lituanie pour prendre part à la Grande Guerre dans l’armée française et obtenir sa naturalisation ; mais après avoir inhalé du gaz allemand, il est déclaré « fou de guerre » et interné à Sainte-Anne. Vient ensuite son père, Albert, « titi parisien, avec l’accent et la gouaille d’un poulbot de Montmartre », pour lequel le récit passe au tutoiement. On sent beaucoup de sympathie de Noudelmann fils pour ce personnage qui, après avoir été fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale et avant d’échapper à l’exécution, séduit une cheffe nazie qui lui enseigne le vocabulaire amoureux allemand…
« Entre Chaïm et Albert, un récit a bégayé, celui de l’assimilation des Juifs, le fils oubliant son père et poursuivant un même désir de fuir ses origines et de s’incorporer à la France, quitte à recevoir son passé en pleine face », constate le narrateur dans la troisième partie où le « je » assume de porter le poids et l’héritage du passé. « J’ai l’intuition qu’être français doit à leurs souffrances et désillusions », écrit François Noudelmann sans prétendre pour autant revendiquer ce qu’il appelle leur « prestige victimaire », puisqu’il a conscience de n’avoir pas connu personnellement les mêmes épreuves. Évitant les écueils de la complaisance et du nombrilisme, son roman mêle réflexions sur la judéité – « pour se faire aimer, quand on est juif, il faut savoir être un peu antisémite » –, récits de vies, d’engagements politiques et d’espoirs parfois insensés. Il nous rappelle surtout combien nos existences sont toujours nourries d’une mémoire qui se décline aux trois personnes du singulier.
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