The Leftlovers, le troisième côté du miroir

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

The Leftovers est une série devant laquelle on pleure beaucoup. Nul besoin d’attendre une scène quelconque. Rien que les premières notes du générique signé par le compositeur Max Richter, spécialiste ès torrent lacrymal, et la danse de personnages aux allures de peinture baroque revisitée, suffisent à ouvrir les vannes en grand. Sans parler du propos : le 14 octobre 2011, 2 % de la population mondiale s’évapore soudain sans laisser de trace. Le spectateur fait la connaissance de personnages ayant survécu à l’événement, des leftovers – littéralement « les restes » –, trois ans plus tard.

Comment se sont-ils remis, ou non, de ce « Grand Départ » ? C’est ce qu’explorent les trois saisons. « La série a réinventé nos larmes », constatent Pacôme Thiellement et Sarah Hatchuel : nous pleurons devant The Leftovers avec l’angoisse sourde que cela pourrait arriver. Tout est fait pour que nous nous y reconnaissions, avec des personnages aussi ordinaires qu’un flic, une mère de famille et des ados paumés. La catastrophe les surprend dans leur quotidien le plus banal. Les premiers temps de la mise en place du confinement, de nombreuses séquences de la série me sont revenues en tête. Était-ce donc arrivé ? Thiellement et Hatchuel analysent la fiction comme un objet voyant, au sens rimbaldien du terme : si les larmes altèrent légèrement la vue, ce n’est que pour mieux en élargir la perspective.

Retrouvez l'interview de Pacôme Thiellement à propos de la série [contenu pour abonnés].

Les trois saisons sont disponibles sur OCS.
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