Le Siècle vert. Un changement de civilisation

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

Nous vivions au XXe siècle sous la coupe de l’Histoire, nous voici entrés dans l’ère de la Nature. « C’est en devenant faustien que le mammifère à deux pattes a quitté l’éternel pour chuter dans l’histoire, mais c’est en quittant l’histoire qu’il se découvre zoologique » : ce constat dressé par un penseur au parcours jalonné de rendez-vous avec révolutions et guérilleros à mitrailleuse fait tendre l’oreille… Et pourtant, l’on sent que ce basculement n’est pas pour le réjouir. C’est qu’il y aurait grand risque à fabriquer une nouvelle idole, une religion nouvelle, voire à nouer un pacte avec un avatar inédit du diable. Avec son ironie lyrique habituelle, un brin ronchon, Régis Debray note l’engouement pour les pistes cyclables et le véganisme, notamment chez la jeunesse. Plus fin que certains de ses contemporains, il ne se contente toutefois pas de déplorer la disparition d’un monde, ne nie pas la précarité de l’espèce humaine, l’extinction animale de masse dont elle est responsable et nous épargne son avis sur Greta Thunberg. En connaisseur des écueils de la religion historique, il rappelle simplement « la banale mésaventure des meilleures causes qui répondent à une difficulté en en suscitant bientôt une autre qui nous prend au dépourvu ».

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