Le principe d’anarchie. Heidegger et la question de l'agir
Une recension de Mehdi Belhaj Kacem, publié le1. Principe d’anarchie
An-archie signifiant, étymologiquement, absence de l’origine, de l’archè, il s’agit donc d’un oxymore : principe de l’absence de principe. Pour la première fois, nous ne disposons plus d’un référent dernier – un principe – sur lequel appuyer nos actes, nos vies, notre confort spirituel. Nous n’avons, au mieux, que des référents « suprêmes », comme le monde, l’homme ou Dieu. Là où les Grecs, avec l’Un, les Romains et le Moyen Âge, avec la Nature, ou les Modernes, avec le Sujet, disposèrent d’un référent dernier inattaquable, clair comme l’eau de roche et dur comme cette dernière, nous vivons l’époque de la dessaisie de la possibilité même d’un tel principe. Et nous ne trouverons plus jamais de tels référents.
2. Dessaisie
« L’agir humain, à l’époque technologique », se trouve donc privé d’archè. Pensée, pourtant, moins désespérante, à terme, que toutes celles qui veulent nous bercer d’illusions en perpétuant la vieille conception de la philosophie comme amour de la Sagesse, accès au Vrai et au Bien. Pensée, pourtant, salutaire, en ce que la seule possibilité de rémission dont nous disposions est d’affronter ce que Schürmann appellera plus tard « la dessaisie », en radicalisant un concept clé de Heidegger, le « délaissement » : nous défaire des mirages métaphysiques de la volonté et de la décision. Nous est demandé, en somme, un abandon. Mais abandon à quoi ?
3. L’agir an-archique
L’hégémonie sans précédent de la technologie planétaire s’impose comme le dernier des principes prescriptifs. Pour Heidegger, « il nous faut d’abord correspondre à l’essence de la technique pour demander ensuite si et comment l’homme maîtrisera la technique ou ne la maîtrisera pas ». Pour Schürmann, l’agir an-archique, « l’abandon de soi aux variations » de la technologie partout en excès, est un « jeu sans fond et sans pourquoi » : dire « oui » à « l’emploi inévitable des objets techniques » et en même temps « refuser qu’ils nous accaparent exclusivement ». En sommes-nous capables ? Manifestement, pas encore. C’est pourquoi le Heidegger de Schürmann, et Schürmann lui-même, sont encore loin devant nous.
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