Le locataire de nulle part

Une recension de Alexandre Lacroix, publié le

Les amateurs de poésie le savent : l’hexamètre – vers de six syllabes – est impossible. Trop exigu pour les mots de notre langue. Et pourtant, le long poème de Pierre Lepère se coule d’un souffle dans cette cadence. Qu’on en juge : « Le jour baisse à vue d’œil, / Une autre nuit va naître. / Seul devant la fenêtre, / Comme devant un seuil, / Il a la main posée / Contre son cœur… » De qui parlent ces vers ? Du « locataire de nulle part », c’est-à-dire du poète, du vagabond, de l’homme qui rêve. Enfermé dans sa chambre, il arpente ses désirs et ses souvenirs, et l’on pense à Jules Laforgue ou à certaines toiles de Paul Delvaux, où l’on ne sait si c’est le jour ou bien la nuit. Pourquoi sortir ? Il pleut de toute façon. « Dehors, la pluie se fait / Battante, véhémente, / et le hèle dans un / ruissellement d’amante ». Il serait injuste que ce beau recueil demeure inaperçu.

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