Le Communisme existentiel de Jean-Luc Nancy

Une recension de Philippe Nassif, publié le

Parce qu’elle épouse au plus près les nervures nuancées du réel, la philosophie de Jean-Luc Nancy est l’une des plus justes quant à notre actualité anthropologique, mais également l’une des plus difficiles à cerner. D’où le tour de force de ce bref essai de nous offrir de sûrs points de repères. Nancy nous propose un inédit « communisme existentiel », énonce Neyrat, seul capable de répondre au vertige de la mort de Dieu qui, en nous privant de sol, promeut d’abord une perspective où « tout devient plat, objet, équivalent ». Comment, dès lors, penser la singularité d’être dans un monde où tout prétend valoir tout ? Par le principe d’une « immanence déchirée ». Ou la nécessité de maintenir un dehors mais intérieur à chacun : un dehors qui n’est plus Dieu mais « le fait libre et incendiaire de l’existence », écrit Neyrat. Nancy déploie ainsi une pensée incarnée de l’origine comme « envoi, élan, poussée, pulsation, rythmique » des « singularités plurielles ». Il en déduit que l’anarchie est « vérité de la démocratie » à venir. Et nous laisse à méditer une formule aussi fertile qu’un kōan zen : « il n’y a pas de sens du sens : cela est adorable ».

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