Le "Comme si". Kant, Vaihinger et le fictionalisme

Une recension de Agnès Gayraud, publié le

Qui n’a jamais été ému aux larmes par un roman ? Ou éprouvé les bienfaits de l’autosuggestion ? Ou constaté la fécondité d’une hypothèse de départ non vérifiée ? Sans cesse, nous recourons à des fictions, à des « comme si ». Bien souvent, en effet, de la fiction, nous tirons le réel. Si la philosophie analytique s’est penchée sur ces expériences paradoxales, il faut redécouvrir celui qui en fit, au début du siècle dernier, un véritable système de pensée : le néokantien Hans Vaihinger. C’est le projet de Christophe Bouriau, qui distingue l’« approche par le “comme si” » du « pragmatisme » auquel elle fut longtemps identifiée. Si Hans Vaihinger se demande à quelles conditions une idée fausse ou fictive est « acceptable », voire féconde, il ne confond pas vérité et efficacité. Ainsi, son « fictionalisme », qui inspira de nombreux émules, de Carnap à Huxley, fait du « comme si » une pierre angulaire de notre connaissance du réel.

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