L'Autre Blanchot. L'écriture de jour, l'écriture de nuit

Une recension de Mehdi Belhaj Kacem, publié le

Bataille et Blanchot ont été les tentatives les plus radicales, au XXe siècle, de quasi « fusionner » littérature et philosophie. Leur amitié est légendaire. Résultat : on les a tous deux quasi fusionnés dans nombre d’exégèses récentes. Il y eut une pensée « Bataille-Blanchot ». Michel Surya, spécialiste du premier, casse le mythe : de même que, dans son essentiel Sainteté de Bataille (Climats, 2013), il dénonçait un affadissement (« lévinassien ») de Bataille par Blanchot, de même, pour la première fois à ce point, Surya nous met le nez dans les écrits du « premier » Blanchot, ancré dans l’extrême droite française la plus virulente (et antisémite). Il discerne ensuite deux « périodisations » par lesquelles Blanchot essaie de racheter (« lisser », dit Surya) son « crime capital » : l’engagement d’extrême gauche (le « Manifeste des 121 » contre la guerre d’Algérie et Mai-68), puis un tournant « philosémite », marqué par une quasi-sacralisation de Levinas et une rupture empirique avec tous ses amis soupçonnés d’antisionisme. Il y a eu « l’affaire Heidegger » ; il y aura « l’affaire Blanchot ».

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