L'angoisse de penser

Une recension de Sven Ortoli, publié le

Cet essai s’ouvre sur ces mots du poète autrichien Rainer Maria Rilke : « Les œuvres d’art sont toujours les produits d’un danger couru, d’une expérience conduite jusqu’au bout, jusqu’au point où l’homme ne peut plus continuer. » Il s’achève sur une autre, de Maurice Blanchot cette fois : « Le lecteur considérait joyeusement cette petite étincelle de vie qu’il ne doutait pas d’avoir éveillée »… Entre ces deux citations, une magistrale exploration de l’angoisse de penser et d’écrire, où l’on croise tour à tour Jacques Derrida, Jacques Lacan, Emmanuel Lévinas, Samuel Beckett et Maurice Blanchot. Ce qui fait la singularité de leurs écritures, souligne l’auteur, c’est au bout du compte cet affrontement avec ce que l’on nomme tantôt l’inhumain tantôt le sublime. Mais cette angoisse, leur angoisse, est-elle encore la nôtre ? « La plupart du temps, nous sommes de paisibles angoissés », souligne-t-elle. À l’aide de Georges Bataille, elle trace la frontière entre l’angoisse productive et celle, habitée d’une infinie niaiserie, du banal anxieux contemporain qui devient « bête, faux, superficiel ». Loin de l’angoisse métaphysique qui « était sa chance »

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Pour la psychanalyse, rappelle Paul-Laurent Assoun, l’angoisse est toujours liée à notre désir. C’est donc par elle que se déclenche notre subjectivité – si l’on sait la déchiffrer.