La philosophie juive comme guide de vie
Une recension de Noémie Issan-Benchimol, publié leIl n’y a pas que les chats des rabbins qui veulent faire leur bar-mitsva. Cela arrive aussi à certains enfants juifs de familles laïques et, en général, les philosophes ne s’y intéressent pas ; sauf quand le papa s’appelle Hilary Putnam, l’un des plus grands philosophes analytiques, et que la bar-mitsva de son fils aîné a marqué le début de son propre retour à la tradition juive. Mais que faire philosophiquement de cette nouvelle croyance, alors que l’on professe par ailleurs une vision du monde « matérialiste, scientifique et athée » ? Rien durant des années. Puis un livre passionnant, entre biographie spirituelle et philosophie de la religion. S’y rencontrent les trois figures de la pensée juive moderne, Emmanuel Levinas, Franz Rosenzweig et Martin Buber, mais aussi Pierre Hadot et le dernier Wittgenstein. Tous ont en commun une certaine idée de la philosophie comme « manière de vivre », qui commence « au moment où l’on quitte la page » pour se mettre « en quête d’expérience ». En conséquence, explique Putnam, « élaborer des théories sur Dieu est pour une personne croyante, totalement hors de propos ». La croyance est une « présence qui est une force » plutôt qu’un « contenu ».
Tous les retours à la religion ne se font pas aussi pacifiquement. Celui de l’un des maîtres de Putnam, Franz Rosenzweig, né en 1886 dans une famille juive allemande assimilée, fut fulgurant et irréversible. Alors qu’il s’apprête à se convertir au christianisme, il entre dans une synagogue un jour de Kippour et décide, bouleversé par cette expérience mystique, de rester juif, c’est-à-dire le devenir réellement. Cela signifie une rupture définitive avec la science historique de Hegel et l’invention d’une « pensée nouvelle », à partir du cœur de l’expérience juive de Dieu, du temps et du monde. Ce sera L’Étoile de la rédemption, œuvre imposante et parfois cryptique. Pour qui veut y entrer en philosophe, l’ouvrage collectif Héritages de Franz Rosenzweig est indispensable. Il retrace la genèse conceptuelle, politique, religieuse, voire intime, de ce texte. Rédigé sur des cartes postales par le soldat Rosenzweig pendant la Grande Guerre, il réhabilite une pensée du messianisme habitée par la mort. Interrogeant la relation entre « Nous et les Autres », l’enjeu est de déterminer la portée universelle d’une philosophie juive.
Pour Rosenzweig, l’Autre par excellence fut sans doute son cousin Eugen Rosenstock, qui l’avait presque convaincu de la vérité du christianisme et avec lequel il a entretenu une controverse théologique farouche. Son rôle, ainsi que celui de son épouse Gritli, dont Rosenzweig était amoureux, sont remarquablement mis en valeur ici, notamment dans un texte inédit, le Gritlianum, très beau dialogue de l’âme et du corps.
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