La parole universitaire

Une recension de Mathilde Lequin, publié le

Pour réformer l’université, commençons par nous déprendre des fantasmes qu’elle véhicule. Refusant le projet éculé d’une « défense de l’université », Pierre Macherey se tourne ici vers ceux qui ont tenté avant lui d’en penser le sens. Des philosophes qui, comme Heidegger, prétendent si bien comprendre son « essence » qu’ils finissent par en révéler une « inquiétante face cachée » ; un psychanalyste (Lacan) et des sociologues (Bourdieu et Passeron), qui interrogent la sacralisation de la parole universitaire et alimentent le mythe d’« une imprenable Institution, impossible à réformer » ; des écrivains, enfin, qui en faisant de l’université un espace de fiction, en expriment les leurres et les illusions. Thomas Hardy, par exemple, montre son Jude l’obscur fasciné par cette inaccessible « cité de lumière » qui finira par le broyer : « Derrière le naufrage personnel de Jude [...] s’en dissimule un autre, celui d’un monde universitaire en perdition, parce qu’il se maintient en rupture avec la réalité présente ». Une rupture que Pierre Macherey s’efforce de combler en présentant en conclusion quelques pistes vigoureuses pour réinventer l’université.

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