La nuit sera belle
Une recension de Philippe Garnier, publié le« Tu cherches trop, Arek. Tu cherches mais tu ne trouves pas. On ne trouve pas la quête : à la fin, c’est elle qui te choisit. Quand elle te tombe dessus, c’est trop tard. […] Tu ne peux pas deviner une quête à ses débuts. Elle a l’air aussi innocent qu’un peu de misère dans un pot de géraniums ou qu’un grain de sable dans le lit d’une huître. »
En quoi consiste la quête d’Arek, d’Ivan et de Todd C. Douglas ? Si le lecteur pose cette question de façon trop pressante, il sera éconduit. En revanche, s’il accepte d’entrer dans le silence de ces personnages et dans leur aspiration à penser autrement, il sera comblé. Roman initiatique, La nuit sera belle ne cherche pas à nous mener d’un point à un autre, mais fait partie de ces livres qui se développent mystérieusement par le milieu. Ce qu’il raconte ? Une nuit passée à préparer une expédition. Trois amis dans un appartement. Beaucoup de cadavres de bouteilles. Une méditation collective où chacun développe son idéal de vie, dans un enchaînement d’idées qui passe de la bière au vin et du vin au whisky.
Peu à peu, nous comprenons que l’expédition et ses préparatifs ne font qu’un. Car, avant de se mettre en route, nos trois personnages cherchent à réformer entièrement leur mode de perception et de pensée. À quoi bon partir, en effet, si l’on n’est pas capable de voir le monde autrement ? Ainsi, Ivan cherche à rendre la réalité « poreuse », à percevoir le bruit des formes et à entendre les couleurs des matières. Todd C. Douglas, lui, cherche à s’installer dans ce qu’il appelle « l’espace-entre » : entre les objets, entre les idées, entre les mots. Quant à Arek, il étudie d’autres possibilités, non moins vertigineuses.
Certes, un tel roman court le risque de se diluer dans l’abstraction et l’ébriété. Mais il reste ancré dans des gestes concrets, qu’il s’agisse de jeter les canettes vides ou de fignoler, comme Todd C. Douglas, des cadrages parfaits sur un vieil appareil photo tout en se gardant de prendre aucun cliché.
L’action a-t-elle toujours une finalité ? L’oisiveté n’est-elle pas la plus intense des façons d’exister ? Tout comme cette expédition sans cesse ajournée, ce livre cherche à rester à l’état de programme et, d’une certaine façon, il y parvient. Non sans nous avoir embarqués avec talent vers des régions lointaines et rarement explorées, où l’on parle du sens de la vie et de la valeur des mots.
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