La Beauté de la lumière

Une recension de Frédéric Manzini, publié le

Ni abstraite ni figurative, simple et riche à la fois, aussi énergique qu’apaisante avec ses petits formats aux couleurs acidulées ou pastel qui prennent volontiers des formes de rond et de montagne, la peinture d’Etel Adnan répugne aux catégorisations. Mais c’est surtout la singularité d’une personnalité que cerne la journaliste et écrivaine Laure Adler avec ces entretiens réalisés quelques mois avant la mort de l’artiste survenue l’an dernier. Le destin d’une femme dans le siècle : née au Liban d’un père syrien musulman et d’une mère grecque orthodoxe, elle fit ses études en France avant d’enseigner la philosophie de l’art aux États-Unis et de se mettre elle-même à peindre sur la suggestion d’une collègue qui la persuada qu’elle ne pouvait pas bien enseigner ce qu’elle ne pratiquait pas elle-même. Affrontant ses propres inhibitions et les préjugés misogynes, elle obtint très tardivement la reconnaissance grâce à la Documenta de Kassel, la grande exposition d’art contemporain. Une révélation pour celle qui mit son art tout entier au service de la célébration de la lumière du monde. Une peintre lumineuse donc, mais « pas que », comme le souligne Laure Adler : car Etel Adnan est également une artiste multiple – dessinatrice, calligraphe, écrivaine et poétesse –, qui n’aimait rien tant que se situer au carrefour de plusieurs univers et qui disait que « chaque tableau, comme chaque poème, comme tout ce qu’on fait, est un recommencement. D’ailleurs, c’est cette curiosité qui nous entraîne, qui nous donne l’énergie de continuer »

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