Histoire mondiale du communisme

Une recension de Michel Eltchaninoff, publié le

Certains l’adorent d’une pieuse fidélité. D’autres vocifèrent son nom. Les troisièmes l’évident de son vilain suffixe. Résultat : vingt-cinq ans après la chute de l’URSS, le communisme s’est benoîtement réinstallé dans le débat intellectuel. C’est pourquoi Thierry Wolton propose une nouvelle manière de dire « l’universelle malignité » de cette idée appliquée au XXe siècle à un tiers de l’humanité. Dans un « essai d’investigation historique » en trois volumes (le dernier, à paraître en 2017, sera consacré aux « complices » et promet d’être sanglant), il s’affilie à Soljenitsyne qui avait sous-titré L’Archipel du Goulag « essai d’investigation littéraire ». Wolton ne fait donc pas œuvre d’historien. Il raconte l’odyssée d’un idéal transformé en cauchemar. Dans le premier volume, centré sur les « bourreaux », il montre comment, de l’URSS à l’Éthiopie, chaque génération de dirigeants emprunte à la précédente ses méthodes pour « contraindre la réalité à se plier aux canons de l’utopie », au prix d’exterminations de populations. Il analyse un espoir de modernisation qui accouche étrangement d’une réalité conservatrice et quasi féodale. Dans le deuxième volume, centré sur les « victimes », il rappelle que la guerre civile, le camp et le lavage de cerveau font partie intégrante du projet – mais aussi que quelques individus peuvent faire vaciller le système. Bref, l’auteur peint la saisissante fresque noire d’un rêve que nous avons toujours le plus grand mal à dissiper. 

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