Herzl. Une histoire européenne

Une recension de Noël Foiry, publié le

Le rêve d’un homme peut-il changer le destin d’un peuple ? Dans le XIXe siècle finissant, Theodor Herzl, alors jeune journaliste, est convaincu que, face à l’antisémitisme qui gangrène le Vieux Continent, la réponse à la « question juive » réside dans la création d’un foyer. Mieux, d’un État. C’est l’histoire du fondateur du mouvement sioniste que racontent avec talent le dessinateur russe Alexander Pavlenko et l’essayiste Camille de Toledo, qui fait ici ses premiers pas de scénariste de bande dessinée. Les deux auteurs s’appuient sur un narrateur, Ilia Brodsky, adolescent Juif muet qui erre à travers l’Europe, de la Russie des pogroms à l’East End londonien, en passant par le ghetto de Vienne. C’est là qu’il rencontrera furtivement Herzl. Si tous deux connaissent les doutes, l’exil, la souffrance et le deuil, la figure historique s’en sert pour affermir sa foi en une nation à venir où « le passé a pris possession du futur », tandis que le personnage de fiction, lui, n’imagine pour pays que la voix – forcément dissonante, mais infiniment riche – de « ceux qui n’appartiennent pas ».

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