Heimat. Loin de mon pays

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

Il est difficile de traduire le mot allemand Heimat : tout à la fois patrie, lieu de naissance, foyer, mais aussi terre d’adoption pourvu que l’on s’y sente chez soi, il a fait le bonheur des poètes romantiques, avant de prendre les couleurs du national-socialisme. Pour la dessinatrice Nora Krug, née dans les années 1970 à Karlsruhe et désormais installée à New York, il est aussi bien objet d’amour que de honte : c’est qu’elle appartient à cette génération qui n’a certes pas connu la guerre, mais dont les parents et grands-parents ont forcément dû prendre parti face au régime hitlérien. Parce qu’elle veut en avoir le cœur net, Nora Krug se lance dans une enquête familiale minutieuse, obsessionnelle. Son trait naïf et ses aquarelles légères contrastent avec la tension qui irrigue le récit. Collages, photos peintes, reproductions de carnets, planches de bande dessinée plus classiques… Nora Krug multiplie les trouvailles narratives et graphiques pour tenter de répondre à cette lancinante question : « Comment savoir qui on est, quand on ne comprend pas d’où on vient ? »

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