D'où vient l'argent ? suivi de Pour une Banque centrale mondiale
Une recension de Michel Eltchaninoff, publié leL’argent obsède celui qui en a comme celui qui en manque. Et si nous le prenions, mais avec philosophie, en interrogeant son essence avant de l’exalter ou de le condamner ? C’est cette voie qu’emprunte François Rachline avec la réédition augmentée de D’où vient l’argent ? Abordant la monnaie en historien autant qu’en économiste, il affirme que nous vivons les suites d’une révolution dont nous n’avons pas encore saisi l’ampleur. En 1944, les accords de Bretton Woods consacrent la fin de l’indexation des monnaies à l’or. Le dollar devient la référence, tout en demeurant, lui seul, rattaché à l’or. Mais en 1971, lorsque les États-Unis abandonnent à leur tour la convertibilité du dollar en or, tout bascule. Auparavant, pour obtenir de l’argent, il fallait soit le prendre à d’autres, soit l’extraire du sous-sol. Aujourd’hui, nous sommes passés « du métal au signe » ; l’argent ne procède plus que de la puissance créatrice de l’homme. On peut le produire à l’infini. Pour éviter les risques de « débauche monétaire », Rachline en appelle à la création d’une Banque centrale mondiale.
Cette émancipation inquiète aussi le philosophe François Dagognet. C’est que l’argent n’est pas une réalité comme les autres. C’est un objet qui n’en est pas un. L’argent est le billet dans ma poche, mais il est aussi tout ce que je peux acheter avec. Il est un « super-objet » universel. Il est par ailleurs une marchandise, une certaine quantité de métal précieux, et en même temps une non-marchandise : « Il ne saurait s’acheter lui-même, mais il rend possibles les transactions. » Enfin, il est à la fois une matière avec des caractéristiques bien déterminées (l’or est ainsi inaltérable, homogène, manipulable) et un symbole (billet, voire simple signature). Bref, la nature de l’argent est double. Tout en présentant des thèses originales sur le juste prix d’un objet ou sur le choix de l’étalon-or, Dagognet répond en philosophe aux interrogations de Rachline. Il pointe la démesure qui menace l’économie lorsque la dualité constitutive de l’argent s’abîme. Selon lui, l’argent ne doit pas travailler que pour lui-même et se séparer de ce qui le conditionne, réserves et garanties. L’immatérialisme monétarisé qui permet de vendre ce qu’on ne possède pas, et dont la crise a dévoilé les excès, est lourd de catastrophes futures. Dagognet propose finalement une éthique de l’argent : même si nous brûlons de nous en affranchir, nous devons nous adosser à ce qui nous limite et ne pas perdre le sens du réel.
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