Décryptage

Faut-il sauver les banques  ?

Bertrand Richard publié le 4 min

Et si, en sauvant le système bancaire de la faillite, les institutions publiques encourageaient en réalité les comportements à risque, à l’origine de la crise ? C’est l’enjeu moral du débat qui oppose partisans et adversaires de l’interventionnisme en économie.

Les faits


Août 2007 : la crise éclate. Les subprimes, ces crédits immobiliers à risque alloués à des ménages américains peu solvables, explosent. La hausse des taux d’intérêt combinée à la baisse des prix de l’immobilier mettent en faillite les ménages : la valeur de leur bien hypothéqué – le logement lui-même – chute avec les prix de l’immobilier. Les banques ne peuvent plus se rembourser, se suspectent de détenir des créances insolvables et refusent de se prêter de l’argent : c’est une crise de liquidité. De plus, ces créances ont été associées à des produits financiers complexes, éparpillés dans les portefeuilles du monde entier. -Malgré le satisfecit des agences de notation qui évaluent les risques, on découvre l’ampleur des dégâts : 275 milliards d’euros pour l’ensemble des institutions financières du monde. C’est une crise de solvabilité. Beaucoup de banques sont en péril, comme l’indique le sauvetage de la Bear Stearns, aux États-Unis, financé à hauteur de 30 milliards de dollars par le contri-buable. On songe à la crise de 1929. Les banques centrales s’activent. Beaucoup injectent des liquidités, puis baissent leurs taux (pas la BCE). Mais les solutions pour résoudre la crise sont un élément du problème. Et soulèvent la protestation. Car en accordant aux puissants ce qu’ils refusent aux petits, les pouvoirs publics s’immiscent dans le marché dont ils vantent l’autorégulation. Un « deux poids deux mesures » difficile à défendre et qui consiste, selon la formule, à privatiser les gains et nationaliser les pertes.

Expresso : les parcours interactifs
Comment résister à la paraphrase ?
« Éviter la paraphrase » : combien de fois avez-vous lu ou entendu cette phrase en cours de philo ? Sauf que ça ne s’improvise pas : encore faut-il apprendre à la reconnaître, à comprendre pourquoi elle apparaît et comment y résister ! 
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