D’images et d’eau fraîche
Une recension de Frédéric Manzini, publié leOn croyait bien connaître Mona Chollet. On l’étiquetait essayiste féministe depuis ses livres à succès : Beauté fatale (2012) sur les injonctions imposées par l’industrie de la mode, Sorcières (2018) sur la stigmatisation subie par celles qui refusent la maternité, ou Réinventer l’amour (2021) sur les méfaits du patriarcat et les possibilités d’en sortir. Elle publie un livre inattendu où elle se dévoile comme collectionneuse d’images – avec, preuves à l’appui, de nombreuses et riches illustrations tirées de son iconothèque personnelle : photographies, gravures, peintures, enluminures, dessins tantriques du Rajasthan, gravures de Serge Rezvani, tarots enluminés du XVe siècle, etc.Un livre d’images ? Oui, mais aussi et avant tout un livre sur les images et sur l’influence qu’elles exercent sur nos vies. Car ce n’est pas seulement collectivement que nous vivons au sein de ce que le philosophe Georges Gusdorf appelait « la civilisation de l’image », c’est surtout dans l’intimité de notre existence qu’elles nous accompagnent. Les tableaux et affiches qui nous suivent, déménagement après déménagement, les images que nous stockons sur nos téléphones, celles que nous nous approprions et celles que nous partageons, les ineffaçables que nous aimons fidèlement comme celles qui nous lassent… Toutes disent quelque chose de nous. Et Chollet de se remémorer les photos cool qu’elle découpait dans les magazines et collait dans son agenda comme pour construire son identité, parce qu’elles lui donnaient l’impression d’être une jeune fille. Aujourd’hui, les multiples images qui l’entourent lui apportent autant de plaisir qu’elles comblent un besoin compulsif : nourrie de sa « ration quotidienne de mondes miniatures, dessins, tableaux ou photographies d’art, emprisonnés dans un rectangle de papier ou de pixels, tels des génies dans leur bouteille », elle peut ainsi éprouver « une sorte d’orgasme visuel » à tourner les pages de son compte Pinterest. Pourquoi une telle fascination ? C’est parce que « nous sommes tous japonais », explique Chollet, qui refuse d’opposer les Occidentaux, qui auraient un rapport aux images seulement esthétique, intellectuel – et donc superficiel –, aux Japonais qui verraient leurs estampes comme des appels à la méditation et au voyage intérieur. Tout geste artistique pouvant être interprété « comme une manière d’accorder l’hospitalité au spectateur », c’est universellement qu’« on recherche des images qu’on peut habiter, dans lesquelles on peut se projeter », ce qui explique que « les photos d’intérieurs, d’architecture, de maisons, de cabanes dans les arbres » soient si populaires. En aspirant non seulement notre œil mais tout notre être, les images nous enveloppent et nous protègent de la violence du monde, comme des « concentrés de sens et de beauté dans un univers quotidien qui échoue trop souvent à nous en fournir la dose nécessaire ».
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